Pas vraiment à l'image de son premier générique inspiré des court-métrages du tchèque Jan Švankmajer, Honey and Clover est une série d'animation plutôt classique loin d'être loufoque, à mi-chemin entre sitcom et romance juvénile, qui peine à exceller dans un genre défini, préférant faire tourner comédie, romance et drame telle une grande roue voilée.
Bien que la série inspire de la sympathie, le début se veut volontairement grotesque et attendrissant avec ces gosses qui ne cherchent que l'amour au milieu de leur scolarité souvent peu brillante, mais ce n'est pas aussi drôle que ça veut l'être. En effet, le gag du mec qui n'arrive pas à se réveiller est d'une lourdeur abominable, et l'arrivé du protagoniste qui fait deux fois moins son âge aussi physiquement que mentalement se révèle assez exécrable.
Le scénario quant à lui peine à trouver de la cohérence au même titre que le montage, qui lui, laisse défiler les scènes sans réelle transition potable. La découverte des personnages est cependant sympathique bien que longuet, et il faudra attendre quelques épisodes pour qu'Honey and Clover tourne enfin correctement.
Si la série se révèle peu drôle, c'est bien dans le côté dramatique qu'elle se surpasse à travers ce cercle de personnages et ces amours inavoués. En effet, l'émotion est admirablement maîtrisée, jamais dans l'exagération, toujours crédible et réellement touchante. En particulier lorsqu'il est question d'aborder la relation conflictuelle entre les rouquins Mayama et Yamada, amour à sens unique de la belle Yamada, qui souffre autant que Mayama, qui lui reste bloqué sur son premier amour.
La romance qui se forme crée donc une mélancolie bienvenue, qui se mêle assez bien à la bonne humeur instaurée par la première partie. Cette mélancolie est d'ailleurs le seul sentiment qu'on retient. Cependant, la chose prenant tellement de place au fur et à mesure que le récit se déroule qu'il suffit à porter la série vers le haut. Chaque geste, chaque parole est d'une sincérité remarquable. Toujours dans la retenue. La timidité des actions reflètent à juste titre l'amour qu'on cache souvent en nous qu'on peine à exposer. Chaque parole à l'allure anodine, se révèle importante aux yeux du personnage en question, qui cherche à faire avancer pudiquement la situation. Tout est parfaitement retranscrit, on vit, on partage, on rit et on se déchire.
Cependant, Honey and Clover est une série comportant parfois trop de miel et trop peu de trèfle. Par exemple, certaines pensées de fin d'épisodes à la Clannad frôlent la caricature avec notamment cette phrase qu'est le comble du comble : «Elle souriait en disant ça, comme une fleur arrosée par la pluie». Ok d'accord mdr xd lol.
Doté d'un dessin peu convaincant, ce premier tour de grande roue se révèle assez étrange. En effet, on vole assez haut quand il est question d'amour, mais il arrive qu'on soit beaucoup trop bas lorsqu'il s'agit d'autre chose. Assez mal rythmé, certains personnages et intrigues sont peu intéressants alors que d'autres comme lorsqu'il est question du «couple» couple roux, qui se révèle extrêmement captivant, surtout lors de l'entrée de le monde du travail. Cependant les autres gagnent en intérêt avec le temps, comme Takemoto et ses cheveux gris qui apportent (enfin) un épilogue aussi intéressant avec cette réflexion qu'on peut avoir sur la peur de l'avenir, et qu'est rarement aussi bien traité.
Adaptation globalement mal réalisée, la puissance des situations avec ces personnages fait qu'Honey and Clover puisse demeurer une référence du genre, bien qu'il soit en partie un peu lourd. Bref, c'est une série tranche-de-vie au miel aussi délicieux que mal tartiné.