Quand David Fincher et Kevin Spacey produisent une série télé, dont le personnage principal est joué par Spacey, les deux premiers épisodes sont réalisés par Fincher et pour laquelle ils n'ont aucun compte à rendre à d'éventuels producteurs (puisque la série a pour instigateur Netflix, société dont l'activité est la VOD, et non une boite de production classique), ça donne 'House of Cards'.
Ca vous parait bien, pas vrai ? On pourrait même aller jusqu'à affirmer que ça semble être la recette pour une série d'un niveau rarement (jamais ?!) vu ? La réponse est, bien sûr, "oui". Mais en pratique, est-ce vraiment le cas ?
Non.
Dès les premières minutes, quelque chose cloche : le premier soliloque de Kevin Spacey semble foireux. Il débute de manière tellement peu naturelle qu'il donne l'impression d'avoir été écrit par un lycéen. En plus de ça, le personnage est sensé s'adresser au spectateur et de fait, briser le quatrième mur, mais la réalisation est telle que je ne l'ai compris que grâce à la scène suivante, construite sur le même principe. Ouch, ça commence mal !
Ce genre de dialogue avec le spectateur est, en plus de ça, répété et devient un gimmick au cours des épisodes pour assurer le "comic relief", ce qui est très perturbant pour une série se voulant ultra réaliste dans son traitement, choix suivi par Fincher depuis ses deux derniers films.
Mais où sont mes manières ? Je n'ai même pas présenté l'histoire que je me lance déjà dans les détails… L'histoire se passe donc à Washington D.C. à l'annonce de l'élection d'un nouveau président (démocrate, mais blanc). Le personnage principal, joué par Kevin Spacey, est l'un des leaders du Congrès américain et la promesse d'être nommé "Secretary of State" lui avait été faite par le nouveau président. Malheureusement, les plans changent et Spacey n'est pas content : il va alors faire tout ce qui est en son pouvoir pour saper les efforts et choix du futur gouvernement en alignant coup de pute sur coup de pute, chantage, divulgation d'informations à une jeune journaliste ambitieuse, etc.
Bref, du classique. Assez propre techniquement (malgré un nombre d'erreurs basiques assez stupéfiantes pour Fincher : colorimétrie changeante d'un plan à l'autre, reflet du caméraman dans une vitre…), plutôt bien joué mais vu le casting, on ne pouvait pas en attendre moins ; on retrouve de nombreuses têtes connues comme Robin Wright (reprend quasi à l'identique son rôle dans 'The Girl with the Dragon Tattoo') et Kate Mara (grande soeur de Rooney Mara et jouant un personnage très proche de Lisbeth Salander mais en bien plus crédule).
Néanmoins, c'est pas l'écriture que la série pêche : la seule série que j'ai vu se passant à Washington D.C. et traitant de politique n'est autre que 'The West Wing', écrit par le grand Aaron Sorkin, donc forcément, ici les dialogues paraissent fades, ce qui est d'autant plus flagrant quand un acteur aussi talentueux et charismatique que Kevin Spacey doit en réciter les lignes. Le scénario semble, après deux épisodes, ultra prévisible : Spacey joue les autres personnages comme des cartes (référence au titre de la série) et il est plus que probable que tout finisse par s'effondrer, comme un château de cartes (lecture littérale du titre)…
Et ces putain d'apartés adressées au spectateur pour lui expliquer les rouages de la politique dans la capitale américaine et souligner l'ironie de nombreuses situations rencontrées ne passent vraiment pas.
Je continuerai à regarder mais par simple curiosité (d'autant plus que ce n'est pas Fincher qui assure la réalisation des 11 autres épisodes) et uniquement lorsque je n'aurai pas envie de regarder un vrai film. Parce que non, le ciné à la télé, ce n'est pas pour maintenant !
PS : Après avoir vu 7 épisodes, je confirme : scénario très convenu, pas vraiment de suspens ni de situation apparemment insurmontable pour Spacey qui s'en sort toujours... C'est techniquement assez propre mais scénaristiquement creux.
PPS : Saison finie. Aucun décollage. Aucune montée de suspense. Toujours le même schéma épisode après épisode. Du vide, bien fait, mais qui reste du vide. Et le vieux cliffhanger non justifié à la fin pour assurer une saison 2 si succès il y a.