Encore une série politique me direz-vous. hillson, tu deviens mono maniaque. Tu ne vois plus que par le prisme du politicien et de son pendant, le journaliste. Politicien verreux ou honnête, journaliste avachi (comme Apathie) ou vent debout et pourfendeur de toutes les injustices.
Je ne dois pas être le seul à pencher de plus en plus sur une mise en scène (abîme) de ce double univers, et pour une mise en lumière des pratiques de cet underverse que représente politique et presse. Mais surtout politique.
Netflix a entendu l'appel populaire et s'est entourée comme il fallait pour promouvoir ce projet à la forme unique : une web série d'une saison complète, comptant 13 épisodes de durées différentes, portée par de prestigieux noms, un casting tout aussi puissant et un budget lui permettant d'assurer une forme sans faille.
David Fincher (Fight club, The Social Network), et Kevin Spacey (Amercian beauty, Usual suspects) font office de vitrine pour cette plongée dans les bas fonds de la manipulation à l'échelle de la société, où l'on y joue des parties d'échecs dans lesquelles les pièces que l'on bat sont faites de véritable chair humaine et de collectivités toutes entières. De gens qui vont souffrir, d'emplois détruits, et d'egos hors de toute analyse rationnelle.
C'est à la faveur d'un revers que démarre l'aventure de Franck Underwood, "majority whip" (le garde fou du parti du président élu), bien décidé à ne plus servir personne d'autre que lui, ses intérêts, et sa soif de pouvoir et de contrôle.
La première saison comporte 13 épisodes exigents, magnifiques. Un peu moins bien écrits que The west wing, avec des dialogues moins percutants encore que savoureux et dotés de punchlines à la pelle. Elle installe des personnes forts, même s'ils ne font pas jeu égal avec Martin Sheen (le président de The west wing) ou Kelsey Grammer (l'extraordinaire maire de Chicago dans Boss). Surtout, elle propose une situation crédible, des personnages ambigus, des ambitions contradictoires et torturées, des âmes folles, éperdues, ou cherchant désespéremment et vainement une rédemption dont la définition n'a définitivement plus court dans le monde dans lequel elles évoluent.
House of cards est vibrant, noir, cynique, réaliste et méchant. Vous allez adorer détester ces salopards qui tiennent les rennes du pays, ces lobbyistes sans foi, ces gendres au coeur tendre, ces faibles, ces rocs, et ces femmes amoureuses et aussi fortes qu'elles le peuvent dans un monde sauvage et moderne, toutefois en pleine mutation, une mutation technologique, éthique, qui dépasse toutes les prévisions.
House of cards est une descente crescendo qui démarre souple et lente, qui s'accélère au milieu avant la chute finale dans les entrailles de la pourriture. Accrochez vos ceintures et profitez du spectacle. Rappelez-vous aussi une chose. Ce qu'on accepte de vous montrer ici, c'est probablement ce qu'on vous cache dans la réalité...