Sortant tout juste de l'immense série The West Wing ayant pour terrain de jeu la Maison Blanche, j'aurais peut être du attendre un peu avant de me lancer dans House of Cards, ayant un cadre similaire (Ajoutez le Congrès au couloirs de la Maison Blanche et c'est bon) qui souffre un peu de la comparaison.
Peinture noire du métier de politicien où la soif de pouvoir supplante la vocation de servir, le personnage de Frank Underwood incarné par un titanesque Kevin Spacey illustre les dérives quasi-shakespeariennes de cette profession pas comme les autres. L'orgueil bafoué de ne pas avoir obtenu le poste de secrétaire d'état qu'il convoitait, ce personnage ourdit une machination au long cours pour s'élever vers les hauteurs du pouvoir qui mettra toute une saison à se décanter.
Ce qui est intéressant d'un point de vue narratif reste le fait que Netflix aie produit cette série et aie mis à disposition l'intégralité des épisodes en un seul bloc. Du coup, plutôt que d'avoir treize épisodes liés entre eux par un fil rouge, on a droit à un long film de 11h où le concept de cliffhanger est quasiment absent, où les intrigues ne s'achèvent jamais ou presque avant l'épisode final.
Ensuite, si la réalisation classieuse de David Fincher lors des deux premiers épisodes donne un cachet visuel à la série hypnotisant, rendant l'histoire agréable à suivre, le fond est parfois un peu léger et manque de tension. Une seule véritable intrigue étirée sur treize épisodes, ça manque un peu de substance, d'autant plus qu'elle est éventée assez rapidement pour le spectateur rodé aux séries de ce genre.
Autre point qui me chagrine, les apartés de Kevin Spacey brisant le quatrième mur. Je n'ai personnellement pas du tout adhéré au concept qui rabaissait le personnage à devoir expliquer ses machinations au spectateur, pourtant tout à fait compréhensibles sans avoir à recourir à ce genre d'aparté brisant l'immersion.
House of Cards est une série finalement assez convenue malgré les noms prestigieux associés et sa production atypique. Le final de la première saison laisse en revanche espérer beaucoup, avec cette fois-ci je l'espère un véritable suspens.