Une série familiale. Cette expression liminaire en forme d'avertissement au début de chaque épisode résume très imparfaitement cet objet télévisuel très atypique. Il rend compte en tout cas de l'intention de Fassbinder: tourner une série qui réunira toute la famille devant et derrière l'écran.
Une série malheureusement interrompue puisque ces 6 épisodes sont orphelins des 3 derniers, que la WRD aura renoncé à tourner devant les polémiques.
Fassbinder donne pourtant l'impression d'avoir fait le maximum pour présenter sa face la plus avenante. Personnages rarement antipathiques (en dehors de l'affreux beau-frère à fine moustache), critique sociale bien présente mais atténuée par un optimisme surprenant, ton moins acide qu'à l'habitude.
Fassbinder réussit sa mission de présenter un divertissement familial mais comme on ne se refait pas, il ne tait ni la violence domestique, ni les relations générationnelles difficiles, ni le racisme entre prolétaires, ni l'alcoolisme, ni la mesquinerie, ni le mépris de classe...qui traversent la société.
La scène d'exposition est magistrale: 15 minutes d'une réunion de famille qui débute tout sourire avant de glisser progressivement vers l'aigre-doux. Comme dans n'importe quelle famille.
C'est là toute la complexité de la série en laquelle certains n'ont voulu voir qu'une apologie simpliste de la classe ouvrière.
Il serait assez vain de vouloir résumer ces 8 heures en quelques lignes. J'aurais aimé que RWF puisse mener ce projet à son terme, histoire d'en avoir le fin mot.
En l'état, la série réussit sans mal à passionner pour le destin collectif et individuel de cette poignée d'ouvriers et de leur famille.
Mention particulière aux acteurs centraux, Hanna Schygulla et Gottfried John: ils sont tout simplement éblouissants.

CyrilCht
8
Écrit par

Créée

le 5 sept. 2020

Critique lue 246 fois

CyrilCht

Écrit par

Critique lue 246 fois

D'autres avis sur Huit heures ne font pas un jour

Huit heures ne font pas un jour
AyanamiRei
7

Pas une critique !

VOI restaurée revue en Fuori Orario.An unfinished "workers" soap-opera, with exaggerated soap technischen, funny thanks to its characters (notably the young elder couple).I needed some time to get...

le 11 juil. 2022

1 j'aime

Huit heures ne font pas un jour
VHS1
7

Poésie prolétaire pour une Allemagne en quête de son identité

On dit souvent du cinéma italien des années 50 qu'il a permis à sa population de se fonder une nouvelle identité à la sortie de la libération. Or si cela est valable pour le néoréalisme italien,...

Par

le 15 janv. 2019

1 j'aime

Huit heures ne font pas un jour
CyrilCht
8

Le Prince Rainer touché par la grâce

Une série familiale. Cette expression liminaire en forme d'avertissement au début de chaque épisode résume très imparfaitement cet objet télévisuel très atypique. Il rend compte en tout cas de...

le 5 sept. 2020

Du même critique

Anelka : l'incompris
CyrilCht
5

Death Trappes

Pour ceux qui se laisseraient abuser par le titre: ceci n'est pas un film de Comencini. C'est à peine un film, d'ailleurs, plutôt un vague publi-reportage promotionnel qui sacrifie à tous les poncifs...

le 12 août 2020

6 j'aime

2

Ad Astra
CyrilCht
8

Quelques nuances de Gray

Voici un film qu'il est facile de railler et de détester. Il est paradoxal, pas entièrement convaincant d'un point de vue narratif, incohérent et scientifiquement douteux, d'après l'expertise de tout...

le 26 févr. 2021

4 j'aime

2

Le Port de l'angoisse
CyrilCht
9

La classe: l'avoir ou pas

Que ne lit-on pas ici sur ce film. Ne croyez pas ceux qui parlent de Casablanca, ceux qui trouvent l'histoire inintéressante ou irréaliste, ceux qui trouvent qu'il y a trop d'Hemingway et pas assez...

le 11 août 2020

4 j'aime

4