I Know This Much Is True, c'est une abondance quasi surréaliste de drames qui tombent sur la tronche à Mark Ruffalo. Notre ami Mark joue deux frères jumeaux. Quand il est Thomas, il est un schizophrène paranoïaque aimable mais souffrant de ses délires bibliques et conspirationnistes. Quand il est Domenick, il encaisse, en fier bonhomme, en lutteur agressif, les morts et les injustices qui l'entourent et son rôle de principal référent de son embarrassant frère.
C'est bien le point de vue du deuxième que l'on suit : son orgueil masculin face à la bienveillance des femmes qui l'entourent, sa rébellion face aux injustices, sa relation d'amour-haine vis-à-vis de sa famille, obstruante mais qu'il aime. Domenick rejette frontalement l'aide qu'il reçoit avec une violence semblable à celles des institutions qui lui font face, à commencer par sa propre famille et son histoire, et surtout la justice et l'institution psychiatrique. Ruffalo est extraordinaire dans ce rôle et ne cherche pas à nous cacher les travers d'un personnage qui en est plein.
C'est une vision très réaliste et crue de la maladie mentale, de la schizophrénie en particulier et de l'institution psychiatrique en général qui est proposée. C'est dur, désespérant, cruel et mêmes les personnages les plus positifs (les excellentes Rosie O'Donnell et Archie Panjabi) n'ont que des solutions imparfaites à proposer.
La réalisation est superbe, il y a un grain dans la photo et un vertige dans la façon de filmer la vacuité des espaces. La puissance de décors monumentaux écrasent les personnages qui ne sont jamais en sécurité, et toujours éminemment seuls.
Le récit peut laisser à penser d'en faire trop, mais il en est toujours conscient et ne joue pas d'effets de manche pour verser dans un mélo trop évident. Plus que les malheurs, c'est la guérison, l'amour et la réconciliation qui est au cœur du propos de cette série qui fait brillamment collaborer une dureté et une violence inouïes et la force du soutien de personnages foncièrement bons.