Un drama dense et complexe sur le consentement et les traumatismes engendrés par un viol.
Parfois difficile, épuisant, mais puissant, I May Destroy You éclaire la personnalité de son héroïne grâce à une structure mouvante, utilisant le flash-back, l’ellipse ou les souvenirs. La narration illustre son cheminement psychologique, le déni, l’autodénigrement, la rage, l’attaque jusqu’à l’excès, la résilience…
Elle nous aide à comprendre Bella, le cœur de la série et le symbole de son militantisme. I May Destroy You est d'une intelligence rare, elle évite constamment le misérabilisme et les raccourcis simplistes. Parce qu'elle s’empare de l’histoire d'une femme dont beaucoup auraient dit, "elle l'a cherchée", la série démonte patiemment et méticuleusement tous les mécanismes de justification d’un tel acte ou de tout abus sexuel, quels qu’ils soient et qui en soit la victime.
Les conséquences du viol sont aussi vues à travers le regard des proches de Bella. C’est toujours très juste, très subtil, obligeant les personnages à faire leur propre introspection ou au contraire révélant leurs petites lâchetés.
Atout numéro un du show, productrice, scénariste, réalisatrice, actrice, Michaela Cohen est une perle rare. On l’avait découverte déjantée dans l’excellent mais un peu foutraque Chewing-gum, elle impose ici une maturité impressionnante. La claque attendue.