Dans ces séries pimentées par l’humour et un personnage principal féminin, plus que La Meilleure Version de moi-même (Blanche Gardin) ou Désordres (Florence Foresti), c’est à Fleabag (Phoebe Waller-Bridge, pas l’insipide version française avec Camille Cottin) que fait penser Iris, même si la symétrie n’est pas parfaite et que Doria Tillier se sent rarement femme (Les midis de Culture, France Culture, 4/12/24). L’humour est le plus souvent cérébral, parfois jusqu’à l’absurde, bien assis sur des dialogues bien écrits d’une Iris qui, par franchise ou trouble de la personnalité, interroge les conventions sociales, pinaille sur les habitudes de langage, disserte sur les réflexes de pensée. Il y a aussi un comique de situation et une comédie sociale, mais cette série ne saurait se résumer aux rires et aux sourires, car c’est aussi l’histoire d’une rupture sentimentale, sans encombre, et d’une déclaration d’amour qui, pour être émouvante et évacuant la drôlerie, mettra du temps à se découvrir, mais avec ce souci d’honnêteté et d’être-soi qui ne quitte pas une seule seconde de la série : « it’s funny, because it’s true », mantra de Ricky Gervais fait sien par Doria Tillier. La série est bien construite, mis à part cette facilité narrative de rencontrer les gens plusieurs fois par hasard. L’ex-compagne de Nicolas Bedos offre un rôle étonnant à François Morel, et, à part Maël Besnard, pas vraiment de fausse note dans le casting : Anaïde Rozam, Pascale Arbillot, Jeanne Balibar (que je n’avais pas reconnue, dans un personnage surprenant), Michel Maserio. Une série douce-amère sur un certain désenchantement, par une Woody Allen française et nerveuse des années 2020, où l’humour ne se cache pas pour interroger le sens de la vie, même si toute une part de l’intrigue est le début d’une nouvelle vie pour l’institutrice : autrice.