Une mini-série décalée de Canal+ vraiment bien exécutée. C’est cohérent, chaque scène est structurée, sans jamais perdre de vue les éléments de l’intrigue. Cette rigueur d’exécution n’empêche pas la série de garder sa virtuosité et son humour. Par moments, les choix de mise en scène évoquent presque la Nouvelle Vague, avec des touches rappelant l’héritage du cinéma français, que ce soit dans l’image ou dans la réalisation. Pourtant, malgré ces références, on reste face à une œuvre modeste, toujours en phase avec son sujet. La série évite soigneusement la caricature grâce à des situations ciselées et des personnages qui révèlent une vraie profondeur.
Le portrait d’Iris, cette institutrice quadragénaire un peu perdue, est central. Elle galère à publier un livre pour enfants, mais son véritable problème, c’est son incapacité à communiquer avec les « normaux ». Un Fleabag à la française, avec des airs de Bridget Jones.
Un point particulièrement marquant, et sans doute l’une des réussites les plus intelligentes de la série, est son procédé narratif. Tout commence dans le pilote, lorsqu’Iris se confie à un inconnu croisé dans la rue, le seul à la comprendre sur son anecdote des bouchons « sécurité enfant ». On l'oublie, ce passant, et pourtant il revient deux épisodes plus tard et s’impose comme l’homme qui va bouleverser son cœur. Ce n'est qu'à la fin qu'Iris comprend que cet homme était ce passant. Leur amour impossible, il lui redonne le pot de Smarties qu’elle lui avait laissé ce soir-là, un détail qu’elle-même avait oublié. J'ai rarement vu un "au revoir" si touchant et délicat.
C’est dans ce genre de construction que le format sériel montre sa force. Sur un long métrage, le lien aurait pu sembler évident ou sur-expliqué. Ici, le temps permet d’oublier, de laisser respirer l’histoire, pour ensuite redonner aux retrouvailles toute leur intensité émotionnelle. Une trouvaille particulièrement touchante.