Des années que des copains me conseillent la série (voire m'agressent parce que je ne l'ai pas encore vue BLASPHÉMATEUR que je suis).
Ah ça, on m'en a vendu du Kaamelott. C'est hilarant, c'est du génie et j'en passe et des meilleures. Bien 10 ans que j'ai franchement la flemme de commencer (même si en vrai je suis curieux), la série est longue. Puis le film arrive. Ma nouvelle compagne adore les premières saisons et aimerait continuer.
Allez, on regarde tout ensemble depuis le début. Après tout ce temps passé à avoir la flemme, autant commencer pour se préparer au film, si c'est si bien que ça.
Cela dit, j'ai vraiment essayé au maximum de regarder la série avec un regard neutre, j'entends par là : ne pas tenir compte des dizaines qui crient au génie. Juste... La prendre comme si je n'en avais jamais entendu parler. Évidemment, c'est impossible, mais tenter de le faire rend déjà le visionnage plus sain et plus digeste.
Ceci étant dit, qu'en ai-je pensé de cette série d'Alexandre Astier et sa bande ? Ayant passé tout de même plusieurs heures de ma vie devant, je préfère détailler ma petite critique en deux morceaux que de tout balancer dans le même sac : la zone comédie et la zone disons... plus sérieuse (S5/S6). Je ne trouve pas judicieux de critiquer de la même manière les différentes phases de la série qui se trimballe clairement deux visage, je pense que ce sont deux expériences de visionnage différentes.
En ce qui concerne la première partie, la partie comédie, je pense que son format n'aide pas. 100 épisodes de 3 minutes, c'est pas très digeste. Cela dit, c'était pensé pour la TV à raison de deux épisodes par soir. On fait avec ce qu'on a.
L'humour est là, en effet on rigole bien, ça part même en fou-rire de temps en temps ! L'utilisation du contexte historique, la maitrise de l'univers, des répliques (parfois référencées 250 épisodes plus loin) font plaisir. C'est un sacré boulot, on sent que la production de la série a été très organisée et ça se ressent. Les personnages ont à peu près tous une personnalité bien distincte et ce n'est pas pour rien qu'on a tous, en tant que spectateur, un petit préféré (moi ça doit jouer entre le roi d'Orcanie et sa manie de trahir sans s'en cacher et Perceval qui, franchement, est très mignon dans sa connerie).
En revanche, si en effet j'ai passé un très bon moment à plusieurs reprises, on ne va pas se cacher que souvent on s'emmerde un peu. Le rythme effréné de production des épisodes n'a pas dû aider à écrire quelque chose d'inspiré tout du long et ça se ressent. Pour, allez, une vingtaine de bons épisodes par livre comédie (donc à peu près du 1 au 4), on s'en tape bien 80 où on jongle entre passable ennui et dégoût. Les personnages comme Caradoc (certainement le pire de tous à mes yeux) n'aident en rien : entre les vannes misogynes voire racistes, faut s'accrocher.
Tiens, en parlant de misogynie, les personnages féminins sont traités parfois de manière catastrophique, Mevanwi en tête de liste. Entre les insultes misogynes qui pleuvent sans arrêt (en plus majoritairement de la part de Perceval, un personnage pourtant gentil !) et son personnage caricatural de femme vénale (qui est son unique trait de personnalité), Kaamelott ça vieillit parfois très mal.
Je ne sais pas si les fans de Kaamelott qui mettent 10/10 à la série la revoient en entier à chaque fois. M'est avis, et je peux me tromper, qu'ils re-regardent surtout pour chaque livre la vingtaine d'épisodes vraiment réussis de temps en temps. Parce qu'on est loin du chef-d’œuvre si on prend vraiment tout.
Ceci étant dit, passons maintenant à Kaamelott la série dramatique. Très franchement, la série est parfois prenante dans ses passages sérieux avec """la trahison de Lancelot, l'épée laissée dans le rocher, la dépression d'Arthur.""" Il y a de très bonnes idées, une mise en scène qui fonctionne (même si parfois un peu sommaire en saison 5 mais c'était la première des deux) et un fil rouge relativement bien mené. En saison 6, j'admets avoir été surpris par les retournements de situation. Je me suis sincèrement fait avoir et c'est bienvenue, même si j'imagine que certains ont tout vu venir au visionnage !
Malgré tout, tout n'est pas blanc. J'ai eu du mal avec pas mal de choses dans cette zone dramatique.
Déjà, les scènes d'humour. Celles de la S5 sont certainement les moins inspirées. Je ne vais pas refaire un topo sur Caradoc mais clairement, cette saison m'a achevé de le haïr. J'en étais à espérer qu'il """meurt de faim en saison 6 et que son existence soit retcon de la série""", même si ça n'avait aucun sens. Il est catastrophique.
Du coup, en plus d'être assez bof, ces scènes d'humour viennent gâcher l'ambiance. Si on en était à du bon comique de situation (ce qui est mieux réussi en saison 6 au passage), ça irait mais non. Ces scènes sonnent comme forcées dans le récit. Récit qui, rappelons-le, termine (ou presque) sur une """tentative de suicide d'Arthur""". C'est quand même pas un sujet léger.
Du coup, on en vient à un autre de mes soucis avec la série s'Astier. Le fond.
Les pauvres sont des cons. Les gens du peuple sont des débiles. Ils ont déjà tout et ils en voudraient encore, ils ne savent pas pourquoi ils manifestent. Arthur est un leader et sans leader, la nation ne peut survivre. Il est indispensable. Les femmes ne peuvent se soustraire à leur rôle, elles y resteront sous peine qu'on leur rappel leur place par un mauvais calembour.
Et. J'en. Passe.
Si certaines rares scènes sont bienvenues, comme en saison 6 avec la scène de """Papinius qui fait des pompes""", globalement on est quand même sur un propos parfois à la limite du rétrograde. Ici, on n'aborde pas le déterminisme social ni la question de l'héritage avec profondeur. C'est parfois légèrement en sous-texte mais jamais vraiment creusé. Sans parler du traitement de la """tentative de suicide". Soit Astier voulait montrer quelque chose de réaliste avec le manque d'aide concrète de l'entourage vis-à-vis de ce sujet, soit il voulait expliquer qu'on n'a qu'à... se sortir des doigts du cul ? Dans ce genre de situation, il faut aller demander de l'aide. Et même qu'on nous en apporte, même si on en veut pas. Mais ça ne semble pas être le propos.
Et tant d'autres choses. Je n'ai fait que prendre un cas exemple. Je pourrais disserter sur les choix idéologiques de narration de Kaamelott pendant des heures mais ça me demanderait trop de temps, trop d'énergie, trop de recherches. Je me contenterai de dire que la série manque certainement de messages positifs pour son auditoire. J'ai même parfois eu la sensation que la série parlait plus à des puissants ou des managers qu'à nous.
M'enfin, tout ça pour dire : Kaamelott oui c'est sympa, oui on rigole bien de temps en temps et oui y'a du cœur et ça se voit mais non, c'est pas un chef-d’œuvre. Et vaut mieux avoir un peu de recul sur la série avant de la regarder, vu les messages qu'elle donne.