La vie est un éternel recommencement. Comme la mélodie de "Canon" de Pachelbel, avec des notes qui sont souvent les mêmes, qui résonnent et font défiler des souvenirs devant nos yeux, comme un film qui rappelle immanquablement le passé. Pour votre serviteur derrière son clavier, c'était il y a 8 ans et demi, après avoir frôlé la fin du rêve, comme quand j'ai vu Clannad en fait. Mais aujourd'hui, j'ai revu Kanon. Et il est clair que comme notre protagoniste, j'avais oublié son importance. Certes cette critique est très personnelle et très dans le ressenti, mais l'art est avant tout une interprétation par rapport à notre vécu je crois.
Kanon, c'est l'éternelle histoire d'un jeune garçon (comme souvent chez Key) qui va aider les autres, souvent de jeunes filles plutôt jolies, et l'on va suivre cette histoire au travers des jours et des mois qui passent.
Le contenu graphique de l'animé a vieilli c'est certain. C'était y'a... 14 ans! Itaru Inoue a un style graphique très reconnaissable avec des yeux immenses (qui ne plaisent pas à toute le monde) mais je serais malhonnête si dans cette critique je ne signalais pas que je possédais un art book et une œuvre faîte des mains de la talentueuse artiste (du moins une reproduction qu'elle a fait produire). Donc personnellement, j'aime sa façon de faire. Après le style de Kanon est plutôt simple, très basé sur la couleur blanche de la neige. Rien de bien difficile mais c'est un studio Kyoani inspiré qui affutait ses armes pour faire de belles nuances de couleurs, notamment sur les couchers de soleil.
L'ost se remarque par un opening et un ending très opposés. L'opening est une ballade aux paroles lourdes de sens, alors que l'ending est rapide et frivole. Il y a aussi une variété de thème inspiré de la saison froide, et j'avoue avoir une faiblesse pour le theme de Makoto. Bref on est dans de la bonne came.
L'histoire est finalement assez marqué "Studio Key" puisque Kanon va introduire des thématiques (en plus de celles un peu ésotériques comme dans Air) comme celles de l'école, le rêve, les miracles etc. Cet animé est écrit de manière à arracher des larmes de vos yeux à beaucoup, mais vraiment beaucoup de moments, mais sans manquer de côté humour ou mignon. Le scénario a encore une trame assez proche des arcs de narration comme dans le visual novel qui se base sur les routes des héroïnes (sachant tout de même que pour deviner qui est l'héroïne de l'anime, il faut pas faire trop d'effort ;-) ). Quoi qu'il en soit, c'était l'époque où les adaptations de VN étaient vraiment bien foutues, et le scénario tient la route pour peu qu'on se laisse avoir. Le protagoniste, Yuuichi, Nayuki sa cousine ou même encore la petite Ayu sont des personnages bien plus profonds qu'il ne semble au premier abord. L'écriture est graduelle (et cela se sublimera dans Clannad) et marque l'émotion par des instants tragiques, chose que le studio Key aura beaucoup de mal à reproduire dans Charlotte ou Kamisama ni natta hi (dont la critique ne sera pas bonne à moins d'un miracle), ou fera de manière moins douce qu'ici. Kanon introduit du dramatique, pas du tragique comme les futurs VN ou œuvres originales de Key.
Et cette façon de faire, un peu naïve et mièvre penseront certain, colle assez bien avec le fait d'avoir connu la souffrance. Car Ayu le souligne dans l'histoire, mais je crois que son propos est assez juste, et je pense que pour saisir la beauté de Kanon il faut savoir en écouter la mélodie. Comme si dans le rêve le réveil arrivait à la fin de l'anime par la sortie, quelque soit l'issue du rêve.
Kanon est un anime de très bonne facture, bien écrit, bien réalisé et avec une ost marquante. La disponibilité sur ADN est une très bonne chose (plus que Air dont j'ai un moins bon souvenir), car malgré l'âge, cet anime est une œuvre à voir. Pas par les amateurs d'œuvres assez conventionnelles car ils s'ennuieront, pas par les amateurs d'action et pas non plus par ceux qui veulent collectionner les œuvres visionnées sur SensCritique ou MyAnimeList. Non, Kanon est une œuvre qui se mérite, qui demande le temps de suivre son tempo, d'écouter son chant pour rentrer dans son rêve à la sonorité nostalgique. Kanon a ouvert une voie à des animes meilleurs certes, mais reste le prélude des animes dramatiques dont l'écriture ou l'adaptation ne sont pas tragiquement ratées. Un souvenir précieux qui m'est revenu, et j'en suis content (oui je réhausse la note).
Chronique pas réutilisable sauf si vous vous appelez Makoto Sawatari.