Kids on the Slope (ou Sakamichi no Apollon, pour ceux qui veulent le dire avec l’accent japonais) nous transporte dans un Japon des années 60 où l’adolescence se mêle au jazz comme un solo de batterie qui n’en finit plus. Ici, pas de robots géants ou de courses-poursuites à la Akira. Non, c’est un anime qui nous parle des petites choses de la vie : l’amitié, l’amour et la musique. Mais pas n’importe quelle musique, attention : du jazz. Et ça, ça change tout.
L’histoire commence quand Kaoru Nishimi, un ado un peu coincé et prodige du piano classique, débarque dans une nouvelle ville avec tout le bagage émotionnel de celui qui a dû déménager trop souvent. Timide et réservé, il n’a qu’une idée en tête : survivre à l’année scolaire sans trop se faire remarquer. Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu. Il fait la rencontre de Sentarō Kawabuchi, un bad boy avec une passion pour la batterie et une attitude de rebelle qui ferait rougir James Dean. Ensemble, ils se retrouvent entraînés dans le monde du jazz, et ce qui commence comme un duo musical improbable se transforme en amitié intense, pleine de hauts, de bas, et de rythmes syncopés.
Ce qui est fascinant avec Kids on the Slope, c’est cette capacité à rendre le jazz aussi essentiel à l’intrigue que les personnages eux-mêmes. Les scènes musicales sont comme des dialogues à part entière, où les notes expriment ce que les mots ne peuvent pas. On se surprend à vouloir secouer la tête au rythme des percussions, même si, avouons-le, certains passages jazz sont tellement libres qu’on se demande si les musiciens eux-mêmes savent où ils vont.
Mais là où Kids on the Slope prend vraiment toute son ampleur, c’est dans sa représentation de l’adolescence. Les sentiments sont aussi chaotiques qu’un solo de saxophone. Entre Kaoru qui n’arrive pas à exprimer ses émotions (sauf derrière un piano), Sentarō qui cache ses blessures sous une épaisse couche de nonchalance, et Ritsuko, l’amie d’enfance de Sentarō, coincée dans un triangle amoureux aussi complexe que les compositions de Thelonious Monk... tout est en place pour une série d’interactions aussi dramatiques que tendres.
Visuellement, la série joue la carte de la simplicité, mais une simplicité élégante, à l’image de ces vieux disques vinyles que l’on ressort pour une soirée tranquille. Les décors sont apaisants, les scènes de la vie quotidienne sont rythmées par des détails qui nous replongent dans cette époque passée, où les relations humaines avaient une intensité presque palpable. Pas d’explosions ici, mais des sourires, des larmes et, surtout, des improvisations musicales qui capturent tout ce que ces jeunes n’arrivent pas à se dire.
Et puis, il y a le jazz, toujours le jazz. Chaque note semble être le reflet des émotions des personnages. Quand les choses se compliquent entre eux, la musique devient plus frénétique, plus désordonnée. Quand ils trouvent un moment de paix, le tempo ralentit, les mélodies deviennent plus douces. C’est un langage universel, et même si vous ne comprenez rien au jazz, vous finirez par ressentir cette musique dans vos tripes (ou au moins dans vos oreilles).
Si Kids on the Slope a un petit bémol, c’est peut-être son rythme parfois un peu lent. Comme un morceau de jazz qui s’étire, on peut parfois se demander si l’histoire ne prend pas un peu trop son temps pour arriver à destination. Mais est-ce vraiment un défaut, ou simplement le signe qu’il faut apprendre à apprécier les moments de silence, comme dans un bon solo de piano ?
En résumé, Kids on the Slope est une ode à l’adolescence, à l’amitié, et à cette musique imprévisible qu’est le jazz. Un anime qui prend son temps, qui joue avec vos émotions comme un pianiste joue avec ses touches, et qui vous laisse avec ce sentiment doux-amer de vouloir réécouter encore et encore la mélodie de ces années passées.