J’étais plutôt enthousiaste lorsque j’ai commencé à regarder Kill It. En quelques épisodes, la série met en place avec brio une histoire intéressante, à l’ambiance mature et glauque, et parvient à développer une psychologie profonde et originale chez ses deux protagonistes. Rarement j’ai trouvé la narration dans un drama aussi vive et efficace que pendant les trois ou quatre premiers épisodes de celui-là. Les flashbacks sont nombreux mais on ne s’y perd pas, et le scénario prend vite l’allure d’un puzzle dont il appartiendra au spectateur mais aussi au héros, amnésique, d’en remettre les pièces dans le bon ordre.
C’est là sans doute le premier reproche que je fais à Kill It : la facilité scénaristique de l’amnésie. Bien trop souvent, celle-ci rend extrêmement prévisibles toutes les péripéties et les retournements de situation qui vont intervenir dans l’histoire, et c’est malheureusement le cas ici (particulièrement dans le dernier quart). Le déroulement de l’intrigue principale pèche beaucoup par son manque d’originalité, qui va de pair avec sa linéarité bien trop prononcée.
Cependant, on ne peut enlever que le rythme du drama soit très prenant, sans longueur, avec un suspense bien réel et maîtrisé. Le choix de faire tenir l’action en douze épisodes plutôt qu’en seize ou vingt comme c’est généralement le cas avec les séries coréennes est bienvenu, et je pense même que c’eût été faisable en dix.
L’histoire, dont j’ai dit plus haut qu’elle était intéressante car originale (en comparaison à ce que l’on trouve habituellement dans les dramas policiers/thrillers) bénéficie de l’atmosphère pesante des sujets qu’elle aborde, mais se retrouve finalement plombée par la prévisibilité déconcertante des événements qui surviennent dans les derniers épisodes. Bon point en revanche pour la romance entre le héros, Kim Soo-Hyun, et l’héroïne, Do Hyun-Jin, qui parvient à s’épanouir de manière progressive et crédible tout en conservant le ton très sérieux du drama (comme quoi c’est possible, n’est-ce pas, Remember ?).
Soo-Hyun, tueur à gages froid s’en voit même changé d’une façon tout à fait acceptable de mon point de vue tant son rapprochement avec Hyun-Jin est habilement justifié au regard du scénario. L’acting de Jang Ki-Yong et de Nana y est pour pas mal, chacun dégageant à sa manière un charisme vraiment différent de ce à quoi nous habituent les k-dramas.
Une série prenante donc, qui se laisse regarder avec un plaisir parfois indéniable, mais qui souffre de lacunes narratives dommageables, en particulier une conclusion hautement prévisible et sans grand panache. Les personnages secondaires, à l’exception de Kang Seul-Ki, souffrent d’un gros manque d’élaboration ce qui occasionne durant le visionnage quelques moments de désintéressement, notamment vers la fin.