Killing Sandra Oh

Critique de Killing Eve garantie sans spoil

Une histoire de fond prenante et des incohérences scénaristiques
Connaître la suspecte dès le début et suivre l’enquête au fur et à mesure de ses crimes, c’est du déjà vu mais ça fonctionne bien, surtout lorsque les enquêteurs sont à deux doigts de choper leur cible. On espère d’ailleurs découvrir un jour d’où sortent ces agents du MI6 et pourquoi Eve Polastri, qui n’a manifestement aucune compétence en espionnage se retrouve tête de liste pour diriger cette enquête qui nécessiterait les meilleurs agents d’Interpol. Mais j’ai l’impression que ça n'a jamais été pensé dans le scénario.
Si l’histoire de la tueuse en série est passionnante, celle de la “flic” l’est beaucoup moins, mais les personnalités y sont pour beaucoup. Certains rebonds dans le scénario sont totalement invraisemblables. J’ai tendance à les pardonner s’ils servent une intrigue ou s’ils sont précurseurs d’un suspense incroyable, ce qui n’est pas toujours le cas dans Killing Eve, des scènes semblent s’être incrustées pour combler des lacunes dans le script quand d'autres ont été oubliées pour aller plus vite à l'essentiel.

Le duo Eve-Villanelle peine à convaincre
Si Jodie Comer est brillante dans le rôle de la psychopathe, celui de Sandra Oh me laisse plus que perplexe. Il est difficile voire impossible de ressentir les émotions d’Eve car l’actrice qui l’incarne n’en transmet aucune et s’efface à côté de l’excentricité de sa rivale. En plus d'être instable, le personnage d'Eve est incohérent. Double peine donc pour Sandra Oh qui n’a ni le charisme d'actrice, ni l’intelligence du personnage de son adversaire. Jodie Comer est une vraie belle surprise, je ne m'attendais pas à voir un jeu aussi incroyable, elle semble possédée par cette tueuse en série sociopathe qui prend la vie et la mort pour un jeu qui n'a d'autre but que de la divertir. On croit à chacun de ses mensonges avant de se retrouver bluffé et aussi stupide qu'Eve.
Cette discordance entre les deux personnalités est d'autant plus dommageable qu’on aurait du idéalement aimer autant l’une que l’autre.

Les incohérences du scénario, les ellipses temporelles et l’incompatibilité des deux personnages principaux ne m'empêchent pas d'apprécier grandement la série. Au final je la regarde principalement pour admirer la folie de Vilanelle/Jodie Comer et Killing Eve devient davantage un souhait que le nom de la série.