C'est l'histoire d'une rencontre entre deux cœurs brisés.
Une rencontre improbable entre deux êtres que tout oppose.
Lui 27 ans, conseiller dans une agence matrimoniale, elle, petite lycéenne de 15 ans. De cette rencontre entre un frère et une sœur séparés très tôt dans leur enfance naîtra un amour interdit.
A priori, une série parlant d'inceste, ça ne parait pas très ragoutant. Mais ici le sujet est abordé tout en nuances, tout en finesse et en délicatesse, avec tendresse même, et si certaines scènes sont dérangeantes, on ne tombe jamais dans le malsain.
Surtout que l'humour n'est pas absent de cette série. Mais n'espérez pas voir de la fesse ou du nibard, c'est avant tout le sérieux et la pudeur avec lesquels elle traite ses personnages qui fait la force de cette série.
En particulier, les silences sont souvent beaucoup plus lourds de sens que les paroles, sources d'incompréhension entre les protagonistes, et tout se joue dans les regards.
Cette série est d'autant plus propice à la réflexion qu'il est facile de s'identifier à ces personnages ordinaires, que la vie a rendus incapables de n'être que frère et sœur, et qui se retrouvent malgré eux dans une situation de transgression sociale.
Une justesse de ton qui fait que la réaction initiale de rejet se mue progressivement en compréhension, à défaut d'approbation.
En effet, il est difficile d'approuver cette relation entre ces deux personnes déstabilisées par la vie et qui semble prendre ses racines dans la confusion entre l'amour fraternel, l'attirance sexuelle, la recherche d'un modèle et l'Amour. Mais finalement, qu'est-ce que l'amour ? Existe-t-il vraiment ? C'est en réalité à cette difficile question que tente de répondre Koi Kaze.
Peut on accepter cette relation impalpable ? Le plus dérangeant je trouve, ce n'est pas qu'ils soient frère et sœur, c'est surtout la différence d'age et la très grande jeunesse de la petite sœur. La série ne parle pas de pédophilie, mais on ne peut s'empêcher d'y penser... Nanoka est-elle pleinement consciente des conséquences de ce qu'elle fait ? Ceci dit, l'histoire se déroule sur plusieurs années, et laisse aux protagonistes le temps de mûrir avant de s'engager.
Mais cette relation n'est-elle pas autodestructrice, jusqu'aux conséquences les plus irréversibles, dans le sens ou elle altère définitivement leur relation fraternelle ?
Ou bien cette union n'en est-elle que plus parfaite, plus totale, parce que narcissique, parce qu'éternelle par son éphémérité ? En tous cas, c'est une bien belle histoire d'amour.
C'est également une analyse intéressante des déstructurations qu'entraîne le divorce dans nos sociétés.
Les décors sont biens réalisés, très sobres et très réalistes, on les remarque à peine. La musique, douce et mélancolique, joue dans le même registre, elle accompagne sans se faire remarquer.
Petit bémol concernant les personnages dont les proportions ont tendance à changer d'une scène à l'autre. Un peu gênant mais on s'y fait, d'autant plus que le dessin s'améliore au cours de la série.
On pourrait également objecter que le scénario manque un peu de spontanéité, dans le sens où chaque événement, chaque dialogue tombe exactement au bon moment, suivant une chorégraphie où rien n'est laissé au hasard, où chaque détail est signifiant, avec une mise en scène particulièrement soignée, un peu comme dans les films de Jean-Pierre Jeunet.
L'animation m'a un peu surpris, elle m'a semblé par sa rythmique très marquée beaucoup plus proche de l'animation française (les Triplettes de Belleville, par exemple) que de l'animé japonais traditionnel...
Cet animé m'a rappelé le superbe film contemplatif Delta de Kornél Mundruczo.
Bref, si comme moi vous avez envie de vous triturer les méninges, je vous conseille cette série.