Je ne suis que très modérément surpris de l'accueil mitigé du public US pour ce petit joyau glauque et flippant. Je n'y croyais moi-même qu'à moitié: grand fan du film de Friedkin, grand déçu des pré/sé/quelles qui ont essayé de se hisser au niveau dudit chef d'œuvre, j'avais fini par me dire que cet univers-là, cette ambiance-là, cette peur-là, c'était un one shot. One moment in time. Et puis voilà. La vie est aussi faite de bonnes surprises. C'en est une, et de taille.
Le ton, d'abord. Froid, distancié. L'histoire se raconte sans nous prendre à témoin. Elle vous dit "suis moi ou laisse moi!" Pas de raccourcis faciles, pas de proximité, formelle ou scenaristique avec le public. Au point qu'on en cherche au depart le lien avec le film (on ne sera pas déçu, mais chhuuutt..). Du coup, les images sont inhabituellement glacées, l'atmosphère est lourde. L'univers de la série est posé, il met mal à l'aise. Les personnages sont faibles, et leurs flanc offert a toutes sortes d'attaques ou de souffrances. Ce qui ne manque pas d'arriver, évidemment. On est là pour ça!...
La possession est abordée simplement, presque cliniquement. Et c'est véritablement dans l'horreur que chaque épisode nous emmène, lentement mais sûrement. Une horreur qui joue le petit jeu attraction/séduction. Comme le demon avec sa proie, sous un angle très inédit et très bien vu. Bref fascination froide, comme son modèle.
Je regarde chaque épisode, dans la nuit du dimanche au lundi. J'eteins la lumière. Mon corps se tend, ma couverture se relève sur mon visage. J'ai 15 ans à nouveau et j'ai peur. Peur du diable, son visage déformé... mais surtout peur de savoir ce qu'il pourrait bien se passer si, plus que d'occuper mes dimanches soirs, il venait visiter mon esprit...