L'Hôtel en folie
7.6
L'Hôtel en folie

Série BBC Two (1975)

Quand la gestion hôtelière devient une thérapie de groupe pour fous furieux

L’Hôtel en folie (Fawlty Towers pour les puristes), c’est un peu comme si tu prenais un manuel de gestion hôtelière, que tu le jetais par la fenêtre, et que tu laissais un groupe de personnages aussi incompétents que farfelus essayer de s’en sortir. Le résultat ? Une comédie britannique aussi déjantée qu’une course-poursuite en pyjama dans un hôtel en feu, où chaque client est un nouveau prétexte pour que tout parte en cacahuètes.


Bienvenue à Fawlty Towers, un petit hôtel de bord de mer, géré par Basil Fawlty, l’homme qui pourrait décrocher la palme d’or du mauvais gestionnaire de l’année. Basil, incarné par l’inimitable John Cleese, est un personnage qui semble allergique à tout ce qui ressemble à la logique ou au bon sens. C’est un maître du sarcasme venimeux, un tyran maladroit qui rêve de gérer un palace tout en se débattant avec les absurdités de la vie quotidienne. En fait, on dirait qu’il dirige cet hôtel comme un ring de boxe, sauf qu’il est à la fois l’entraîneur, l’arbitre, et le punching-ball.


Basil, c’est un condensé de frustration ambulante. Il est en guerre permanente contre ses clients, sa femme Sybil (qui le mène à la baguette avec une voix aussi tranchante qu’une scie circulaire), son personnel, et même les meubles de l’hôtel. Tout le monde est coupable de quelque chose aux yeux de Basil, et lui, il essaie désespérément de maintenir un semblant d’ordre dans ce chaos organisé. Malheureusement pour lui, chaque tentative se transforme en catastrophe pure et simple.


Aux côtés de Basil, il y a Sybil, interprétée par Prunella Scales. Elle est son opposée absolue : calme, sarcastique, et toujours prête à remettre Basil à sa place d’un simple claquement de langue. Sybil est celle qui semble gérer l’hôtel d’une main de fer (ou de manucure impeccable), tout en balançant des répliques cinglantes et des ordres secs à son pauvre mari. Mais sous ses airs de despote domestique, elle a un certain charme, celui de la femme qui a tout compris à la comédie humaine et qui regarde Basil se débattre avec un amusement à peine dissimulé.


Le personnel de l’hôtel est un festival d’incompétence comique. Il y a Manuel, le serveur espagnol qui ne parle pratiquement pas un mot d’anglais (ce qui donne lieu à des quiproquos hilarants). "I know nothing, Mr. Fawlty!" est son refrain quotidien, et chaque fois qu’il apparaît à l’écran, on sait que quelque chose va mal tourner. Manuel est l’incarnation parfaite du chaos en marche, et ses interactions avec Basil sont des numéros de slapstick dignes des meilleurs duos comiques.


Polly, la réceptionniste jouée par Connie Booth (également co-créatrice de la série avec Cleese), est sans doute la seule personne à avoir un minimum de bon sens dans cet asile qu’est Fawlty Towers. Elle est la voix de la raison (quand elle n’est pas embarquée dans une énième combine pour sauver la face de Basil), mais elle finit souvent par être entraînée dans les catastrophes qu’elle essaie de prévenir.


Chaque épisode de L’Hôtel en folie est une nouvelle aventure dans l’absurdité totale. Les situations les plus banales, comme accueillir un inspecteur de l’hygiène ou organiser un simple dîner, dégénèrent rapidement en chaos total. Basil, incapable de rester calme ou de suivre un plan sans tout saboter, transforme chaque interaction en un moment de comédie frénétique. Ses crises de colère, ses maladresses, et ses tentatives désespérées pour garder un semblant de professionnalisme sont le cœur même de l’humour de la série.


Les quiproquos sont légion, et la série est une véritable masterclass dans l’art du comique de situation. Les portes claquent, les plats volent, les mensonges s’enchaînent, et tout finit par s’effondrer dans un grand éclat de rire. L’Hôtel en folie est une série qui maîtrise parfaitement le timing comique, avec des dialogues ciselés et des répliques cultes qui fusent à la vitesse de l’éclair.


Visuellement, la série ne mise pas sur les grands décors ou les effets sophistiqués. C’est un huis clos quasi théâtral où tout se joue dans les interactions entre les personnages. L’hôtel lui-même, avec son décor de petite maison de bord de mer britannique un peu vieillotte, devient presque un personnage à part entière, un espace où les catastrophes semblent inévitables.


En résumé, L’Hôtel en folie est une pure pépite de la comédie britannique. C’est un tourbillon de gags, de situations absurdes, et de personnages aussi excentriques que drôles. John Cleese, en maître d’orchestre du chaos, y livre une performance mémorable, transformant chaque réplique en une perle de sarcasme ou d’hystérie mal contenue. Si tu as envie de voir des clients se faire servir de l’incompétence sur un plateau d’argent, avec une dose d’humour aussi grinçant qu’un escalier qui grince à 3h du matin, alors L’Hôtel en folie est l’endroit idéal pour réserver ta chambre… si tu n’as pas peur des conséquences.

CinephageAiguise
9

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Créée

le 15 oct. 2024

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