Ce qui captive très rapidement dans cette série, c'est ça contemporanéité. Les allusions à Trump, Biden, Johnson, au Brexit, au conflit en Ukraine et aux mercenaires de Wagner sont explicites et nous projette presque dans un reportage dans des lieux et des fonctions que nous connaissons mal. Découvrir le vrai travail des ambassadeurs, la diplomatie internationale au-delà des petits fours et des rochers en chocolat et en particulier avec le personnage proactif et sans attrait pour les mondanités Kate Wyler fascine tout autant. C'est également la galerie de personnages qui fait le charme de la série, son côté moderne qui dynamite le couple américain et se joue subtilement des différences culturelles. Kate Wyler est un personnage entier, sincère, intelligent et passionné.
Les acteurs sont tous très engagés dans leur rôle, particulièrement Keri Russell également productrice de la série qui s'offre ici un rôle fort et complexe. Les épisodes sont très propres techniquement avec un bon usage des décors anglais fastueux, sans en faire trop. La musique et le mixage tirent leur épingle du jeu avec un bon accompagnement sans esbroufe non plus. L'ensemble sert avec justesse un montage nerveux, à la hauteur de la dynamique du scénario.
Bien entendu, La Diplomate est un excellent vecteur du récit américain post-Trump. Kate Wyler incarne à la fois la tempérance, la prudence, la passion et l'engagement, et continuer à diffuser les valeurs des États-Unis d'Amérique, le fameux « leave no man behind » au travers de son implication émotionnelle envers l'exfiltration des civils afghans après la reprise de Kaboul par les talibans. La série cherche réellement à expurger les années Trump et n'hésite pas à dépeindre Trowbridge comme un enfant colérique, miroir à peine voilé de Boris Johnson. C'est donc une série captivante par son ancrage mais également par sa volonté explicite de reprendre la main sur le récit américain, valorisant pour les hommes et les femmes ainsi que pour les institutions américaines au niveau international.
La deuxième saison est au même niveau de qualité d’écriture. Après un final en cliffhanger, elle enrichit encore davantage ses personnages tout en maintenant le cap de son histoire. C’est encore une fois sa force, apporter de la nuance sans se diluer. Est-ce l’influence de la présidence Biden, ou la perspective du retour du Trump qui aiguille les évolutions du scénario ? La clairvoyance initiale de Kate Wyler s’effrite, tout comme le lien de confiance avec ses alliés britannique. Surout elle prend la pleine mesure du rôle éminent politique qu’elle tient, qui au Royaume-Uni ne peux se départir des considérations économiques et militaires internationales. Le récit américain vacille au profit de considération indicibles.
La saison s’achève à nouveau sur un twist, qui là encore nous plonge dans l’agonie de l’attente de la suite.