My childhood.
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Maurice Pialat est né d'un père marchand de bois et de charbon et d'une mère femme au foyer. Une faillite mettra fin à l'activité de son père, c'est la ruine.. la famille déménage à Courbevoie. Afin de subsister, ses deux parents se tueront à la tâche avec des petits boulots et seront contraints de confier Maurice à sa grand-mère.
De cette enfance, Pialat en tirera une grande rancœur et un sentiment d'abandon.
Ces souffrances seront dans chacun de ses films, la plupart clairement autobiographiques.
Qu'a voulu faire Pialat avec cette mini-série? Nous faire ressentir ce que c'est d'être loin de ses parents, d'attendre de leurs nouvelles pendant des mois qui paraissent une éternité ? Nous faire ressentir la souffrance d'un petit garçon inconsolable, celui qui aura habité Pialat jusqu'à sa mort? Nous montrer ce qu'est la douceur d'un foyer, avec des personnes âgées aimantes et d'une grande tendresse, avant de les quitter ?
Si c'est le cas, alors c'est réussi.
Si "La Maison des Bois" avait été un film, il serait dans mon top 10. Il serait à la première place. Il faut bien comprendre une chose, c'est qu'à mes yeux il n'existe rien à la hauteur de cette série.
Après l'Enfance nue, toujours entouré d'acteurs non professionnels, il réussira à faire ce qu'il sait faire de mieux, c'est-à-dire capter le réel. Jamais un autre cinéaste n'a su donner cette impression d'assister à la captation d'un réel moment de complicité de la vie de tous les jours, ou d'un réel moment de souffrance. Tout est organique, vrai. On y est. On est avec eux, tout le temps. Il n'y a plus aucune distance, nous ne sommes plus spectateurs. J'ai lu dans un commentaire que cela pouvait faire penser à un épisode de Strip tease, et c'est très bien vu!
Dans la lignée d'un Robert Bresson, il utilisera une mise en scène léchée mais simple, qui ne surligne pas ce que le spectateur doit comprendre ou ressentir. Il n'y a pas de gras, aucun gimmick qui sonne faux. Cela n'empêche pas le Pialat peintre de composer des plans sublimes dignes de tableaux, comme ceux accompagnant la musique de Maurice Ravel à chaque début d'épisode. Les scènes sont parfaites, assez étirées afin d'y laisser les personnages prendre vie. La direction d'acteurs, excellente, semble très permissive et laisser place à de l'improvisation ou à ce que nous pourrions nommer des "erreurs" dans un cinéma plus conventionnel (quelques maladresses dans les prononciations, dans la manière de se déplacer...).
=> https://www.youtube.com/watch?v=TsZ4Ya1MMZQ
Cela se conclue comme "La Gueule ouverte", avec une voiture qui s'éloigne d'un maison. Le plan peut également rappeler une scène de "L'Enfance nue", avec l'enfant chassé de la famille d'accueil qui se retrouve dans une voiture avec sa valise, quittant la maison dans laquelle il vivait depuis un temps. Le petit garçon regarde pour la dernière fois ce vieux bonhomme tout rond, ainsi que sa fille et son futur beau-fils, lui jeter un regard de compassion, avant qu'ils ne ferment la porte derrière eux. Là, j'ai pleuré. Je n'avais jamais pleuré comme ça.
Ce n'est pas une mini-série, ce n'est pas une simple commande de l'ORTF, c'est une grande oeuvre cinématographique, une grande oeuvre d'auteur, peut-être la plus grande.
Ps: j'ai pu découvrir cette série il y a longtemps sur youtube, car Arte l'avait posté sur la chaîne "Arte cinema". Actuellement, vous pourrez la trouver à nouveau, c'est disponible sur youtube. Foncez !
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Créée
le 31 oct. 2021
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