My childhood.
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A l'exception notable de "Nous ne vieillirons pas ensemble", le cinéma de Maurice Pialat et moi ça fait deux. Je sais que je vais commettre un sacrilège cinéphile mais pour moi, sous prétexte de faire réaliste, le cinéaste réalisait des films à la réalisation et au scénario totalement bâclés et il s'appuyait sur deux-trois bons comédiens pour essayer de cacher cela.
Mais je ne sais pas pourquoi, son seul feuilleton télévisé "La Maison des bois" m'attirait malgré tout, me disant que si la grande majorité du temps le format cinéma ne lui convenait pas, celui de la mini-série, qui donne beaucoup plus de temps pour développer un contexte et des personnages, chose qu'il a tenté de faire désespérément dans plusieurs de ses films mais sans succès, lui irait beaucoup mieux.
Eh ben, c'est officiel "La Maison des bois" m'a réconcilié avec Maurice Pialat car en effet c'est ce qui est arrivé. Et puis, il y a un côté "Vieille France", quand j'emploie ce terme ce n'est nullement mais alors pas du tout pour me montrer péjoratif mais au contraire pour montrer que je suis charmé et nostalgique, auquel je n'ai même pas cherché à résister.
Attention, ce charme et cette nostalgie ne résident pas du tout dans l'époque pendant laquelle se déroule l'histoire parce que je ne vois pas comment on pourrait ressentir ces sentiments pour une période où des jeunes et des moins jeunes gens, qui, pour la plus grande majorité, ne demandaient qu'à vivre une vie simple et tranquille, se faisaient transformer en charpie, mais pour l'époque pendant laquelle a été tournée la série. Une époque où à une heure de grande écoute on pouvait diffuser un programme où on savait prendre son temps, où on ne faisait pas dans la facilité.
Parce que "La Maison des bois" n'est pas raconté d'une manière classique. En fait c'est une succession de tranches de vie, où l'humour n'est pas exclu, avec quelques rebondissements bien sûr pour renouveler l'intérêt du spectateur. Des tranches de vie qui sonnent juste parce que Maurice Pialat se donne au maximum derrière la caméra et parce qu'il arrive à tirer le meilleur de ses acteurs, aussi bien professionnels qu'amateurs. Pour les acteurs amateurs, on sent bien qu'ils prennent plaisir à être là alors que par exemple dans "Sous le soleil de Satan" on voyait des gens récitant platement leurs répliques en étant visiblement terrifiés par le type qui les dirige. L'acteur qui joue le bedeau pour citer celui-là, on voit qu'il prend son pied. Mais les comédiens enfants sont vraiment formidables aussi, ils sont formidables de naturel.
Les professionnels ne sont pas en reste non plus, entre Pierre Doris, d'habitude très bon acteur comique avec un esprit sarcastique jubilatoire mais qui a gaspillé malheureusement son talent dans de très mauvaises comédies pour ne pas dire des navets, est prodigieux dans un registre dramatique, je n'ai jamais vu interprété avec autant de force et de vérité la douleur, entre Jacqueline Dufranne, dont le personnage n'a aucun mal à être profondément attachant, ou encore entre Fernand Gravey, qui incarne admirablement une aristocratie qui se sait en fin de vie en marquis paternaliste mais en même temps totalement bienveillant.
Pas sûr que sans cette combinaison exceptionnelle de talents, la fin de la cinquième partie aurait réussi à m'émouvoir autant aux larmes. Pas sûr non plus que je me serais enfilé en une seule journée les sept épisodes de l'ensemble... ben oui parce que c'est vraiment prenant... Et puis, je n'oublie pas aussi de souligner le choix judicieux comme thème musical de "Trois beaux oiseaux du Paradis" de Maurice Ravel, qui nous fait encore mieux plonger dans l'atmosphère de cette période terrible qu'est la Première Guerre Mondiale en hantant chacune des parties de la série.
Je pense que "La Maison des bois" représente le meilleur de ce que Maurice Pialat était capable de donner et tant qu'à faire le meilleur de ce que la télévision française était capable de produire. Même si le peu qui me reste à voir de Pialat ne me convainc pas, la hache de guerre est définitivement enterrée entre l'oeuvre de Pialat et moi.
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le 18 oct. 2015
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