My childhood.
J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...
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le 21 nov. 2014
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La Maison des bois, c’est un peu comme si tu t’étais perdu dans une forêt enchantée, non pas peuplée de fées ou de créatures magiques, mais de personnages d’une simplicité et d’une authenticité désarmante. Dans cette mini-série, Maurice Pialat te plonge dans un univers bucolique où la Grande Guerre semble être un bruit de fond lointain, tandis que la vie quotidienne se déroule dans une sorte de calme naturel. C’est un peu comme si la nature elle-même avait décidé de protéger ces personnages des horreurs du monde extérieur, les enveloppant dans une bulle de feuilles dorées et de chants d’oiseaux.
L’histoire se déroule pendant la Première Guerre mondiale, mais ce n’est pas sur le front que l’on se trouve. Non, on est loin des tranchées et des bombardements. Ici, on suit une famille d’accueil, celle d’Albert et de son épouse Jeanne, qui vivent dans une maison de bois, loin du tumulte, mais pas tout à fait à l’abri de ses échos. Ils recueillent des enfants qui ont perdu leurs parents dans la guerre, et la série devient un hymne à la résilience, à l’enfance, et à la force tranquille des petits gestes du quotidien.
Visuellement, La Maison des bois est une ode à la campagne française, avec des plans magnifiques de forêts, de rivières et de champs. C’est un véritable tableau impressionniste en mouvement, où chaque rayon de soleil filtrant à travers les arbres semble plus poétique que le précédent. Pialat prend son temps pour capturer la beauté des paysages, mais aussi la dureté discrète de la vie rurale. Ce n’est pas un décor de carte postale : la campagne est vivante, parfois austère, et les personnages y évoluent avec une sorte de fatalisme doux.
Les enfants, au centre de cette histoire, apportent une innocence mêlée de tristesse. On sent que la guerre plane au-dessus de leurs têtes, même si elle n’est jamais vraiment là. Ces gamins qui ont vu plus que ce qu’ils auraient dû voir à leur âge, trouvent dans cette maison de bois un refuge, un endroit où ils peuvent peut-être réapprendre à jouer, à rire, à être des enfants. Et pourtant, il y a toujours ce sentiment sous-jacent que la guerre les a marqués, même si c’est à distance.
Albert, interprété par un Bernard Fresson tout en subtilité, est un personnage central de cette bulle rurale. Il est l’incarnation du bon sens paysan, un homme de peu de mots, mais de beaucoup de cœur. On sent que la guerre l’a épargné physiquement, mais qu’elle est là, dans le silence de ses gestes, dans les regards qu’il pose sur les enfants qu’il accueille. C’est un personnage qui semble avoir fait la paix avec son destin, acceptant de protéger ce qu’il peut, avec les moyens du bord.
Jeanne, quant à elle, est le cœur maternel de cette maison. Forte et douce à la fois, elle s’occupe des enfants avec une tendresse presque palpable. Elle ne cherche pas à être héroïque, mais simplement à maintenir ce fragile équilibre entre le quotidien et la tempête qui gronde au loin. Son personnage rappelle ces figures maternelles intemporelles, celles qui, malgré la douleur et la peur, continuent de tenir la maison et de faire bouillir la marmite.
Mais La Maison des bois, c’est aussi une série sur le temps qui passe. Pialat filme les saisons qui défilent, les jours qui s’étirent, avec une lenteur presque méditative. On est loin du rythme effréné des séries modernes. Ici, chaque scène est une invitation à la contemplation, à s’imprégner de l’atmosphère, à ressentir la pesanteur des silences. C’est une série qui te fait ressentir l’attente, celle des lettres qui n’arrivent pas, des nouvelles qui ne viennent jamais, et de la fin de la guerre qui semble toujours si lointaine.
La bande-son, minimaliste mais efficace, accentue ce sentiment de douceur mélancolique. Pas de grandes envolées orchestrales, mais plutôt des sons de la nature, des chants d’oiseaux, des craquements de branches sous les pas, et quelques notes de musique discrètes. L’absence de grandiloquence permet à l’émotion de s’installer de manière plus naturelle, presque instinctive.
En résumé, La Maison des bois est une œuvre où tout est dans le détail, dans les non-dits, dans les regards. C’est une série qui prend son temps pour te montrer la beauté des choses simples, dans un contexte où le bruit de la guerre est présent, mais jamais central. Maurice Pialat signe ici une série pleine de poésie, où la maison n’est pas seulement faite de bois, mais aussi de souvenirs, de douleurs discrètes et de tendresse infinie. Un moment suspendu dans le temps, comme un rayon de soleil à travers les branches.
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Créée
le 15 oct. 2024
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