Pour sa première réalisation télévisuelle, notre Jean-Jacques Annaud national s’offre l’adaptation du livre de Joël Dicker, “La vérité sur l’affaire Harry Quebert”. Visiblement trop touffu pour un seul long-métrage, même de trois heures - dixit certains lecteurs du roman - l'exercice étant périlleux de nos jours - le suspense émanant du roman fera donc l’objet d’une mini-série d’environ 435’ minutes, étalée sur 10 épisodes. Il faudra bien tout, pour suivre Marcus Goldman (Ben Schnetzer), le nouveau petit prodige de l’écriture, qui se trouve confronté au syndrome de la page blanche pour son nouveau roman. À quelques mois de l’échéance qui lui a été donnée par Roy (Ron Perlman), son éditeur, tout bascule soudain pour lui, quand son ami et professeur d’université Harry Quebert (Patrick Dempsey), l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé. Quebert se voit accusé d’avoir assassiné en 1975 Nola Kellergan (Kristine Froseth, la révélation de la série), une jeune fille avec laquelle il aurait eu une liaison. Pour l’heure, nous sommes au printemps 2008, l’Amérique est en pleins prémices des élections présidentielles qui verront la victoire de Barack Obama. Marcus, convaincu de l'innocence de son ami et mentor, se rend dans la petite bourgade de Sommerdale dans le Maine. La petite ville semble traumatisée depuis le 30 août 1975, jour de la disparition de Nola. Tout ce qui va suivre est un simple avis personnel. Sans avoir lu le roman de Joël Dicker - donc vierge de tout a priori - “La vérité sur l’affaire Harry Quebert” est une des mini-séries les mieux abouties depuis longtemps. Le premier épisode est la parfaite illustration de ce qu’une accroche scénaristique veut dire. D'emblée, le spectateur est confronté au passé et au présent. Tels les héros de H.G. Wells, nous sommes les témoins privilégiés d’un voyage dans le temps. Les années 70 et les années 2000 s’offrent alors à nous. Deux époques, deux visions pour un drame intemporel. La narration, la splendide et minutieuse reconstitution des seventies et les maquillages de vieillissement sont autant d’atouts participant à l’addiction que procure le récit. J.J. Annaud en compteur d’histoires et en vieux briscard du cinéma n’est nullement perturbé par le format TV, au contraire. Le temps jouant en sa faveur, le réalisateur de “L’Ours” et de l’incontournable “Nom de la Rose”, prend son temps en ménageant au fil des épisodes, un incroyable suspense, malmené - la gymnastique de l’esprit est à son paroxysme - par moult fausses pistes et faux-semblant - autant de chausses-trappes et d'ellipses scénaristiques - pour mieux nous perdre. Enfin, le casting quatre étoiles - sans fausse-note aucune - apporte substance et empathie - ingrédients indispensables - pour donner vie à cette tragique histoire d’amour aux relents de “Cold Case” !

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le 3 juil. 2020

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