Saison 1
The CW c'est pas loin d'être la chaîne poubelle de la télévision américaine. Bon, de temps en temps, on a le droit à une bonne surprise (Arrow, les premiers pas de Vampire Diaries ou encore la récente Jane the Virgin), mais la grande majorité des productions du cinquième network US sont des séries calibrées pour ados aussi intéressantes que des soaps cheaps diffusés sur MTV en fin de soirée. Pas que The 100 soit en apparence plus enthousiasmante, mais le pitch de départ et l'aspect événementiel de son series premiere ne pouvait qu'attiser une certaine curiosité.
Et malheureusement, la première saison de The 100 commence très mal. Personnages superficiels et intrigues peu intéressantes - très souvent des amourettes de niveau pré-pubère - on avait vite fait d'enterrer le projet. Peut-être était-ce histoire de jouer avec votre patience, d'amener en douceur l'amélioration qualitative ou juste un changement de direction artistique en cours de route, mais dans son dernier tiers, la série de Jason Rothenberg surprend : non seulement The 100 se permet du twist-flooding que n'aurait pas renié un 24 en forme, mais en plus les protagonistes s'étoffent en même temps que l'attachement qui nous lie à eux.
On est certes bien loin de la grande épopée post-apo, mais certains choix narratifs, ainsi que l'épique épisode final font vraiment plaisir à voir. Jamais dans la surenchère, The 100 a cette jolie façon de distiller ses nombreux mystères sur le long terme, permettant la construction d'un univers cohérent et complexe qui, en plus d'intriguer, maintient le suspense et motive à persévérer.
Des défauts un peu partout, une qualité en dents de scie mais The 100 pourrait bien être le nouveau plaisir coupable se révélant, surprise, être une série honorable. Casting de belles gueules mais très solide - la direction d'acteur est plus que correcte -, techniquement loin d'être dégueulasse, et de plus en plus intéressant au fil des épisodes : The 100 nous fait des promesses très intéressantes pour sa deuxième saison, et c'est avec grand plaisir qu'on la retrouvera en septembre.
★★★★☆☆☆☆☆☆
Saison 2
Que s'est-il passé lors du brainstorming de The CW par rapport à la direction de la saison 2 de The 100 ? Après un premier acte plus que médiocre malgré un final légèrement meilleur, on n'attendait pas forcément grand-chose de la série, à l'époque sorte de plaisir coupable sci-fi pour ados à peine regardable par moments. Mais dès les premiers épisodes datant de septembre dernier, surprise : plus mature, moins kitsch, et surtout mieux écrite, The 100 se révélera dans un premier temps bien plus passionnante qu'en début 2014.
Puis arriva l'épisode 5. Le 8, et le 11, et finalement cette conclusion monumentale d'une série qui aura prouvé que ce n'est pas seulement d'un pilote qu'il faut savoir se méfier, mais d'une saison entière. Oui, The 100 est devenue une excellente série. Même pas un guilty pleasure un peu débile, mais bel et bien une série incroyable qui ne démérite pas son statut de meilleure série de science-fiction en diffusion. Les scènes chocs s'alternent avec une réflexion étonnamment intelligente sur le poids du pouvoir et l'horreur de la guerre, car en plus de ne pas hésiter à se séparer de ses protagonistes, The 100 n'hésite pas à leur faire commettre les pires atrocités. C'est donc dans cette succession de retournements moraux, souvent dérangeants, que Rothenberg parvient à créer une ambiguïté fascinante, brouillant les frontières du bien et du mal, du juste et de l'injuste. Tous font des erreurs, tous en paient les frais, en suivant une succession de dilemmes terrifiants qui mettent Telltale Games à genoux.
Les personnages prennent peu à peu de l'épaisseur, leurs relations se complexifient et s'intensifient et, sans qu'on ne le remarque, on finit par les comprendre et s'y attacher, même pour ceux que l'on pensait être des têtes à claques. Même la réalisation s'améliore, avec des choix de mise en scène très réussis, parfois poétiques ou empli de sens, mais très souvent juste - on est toujours sur The CW, mais The 100 tente des choses, expérimente, et finalement impressionne de par sa relative finesse formelle.
La saison 2 de The 100 n'est pas seulement la plus incroyable surprise de l'année télévisuelle, c'est aussi un tour de force narratif qui, en seize épisodes seulement, a effacé tous les défauts des premiers épisodes. Tiendrais-t-on ici le tant attendu successeur de Battlestar Galactica ? C'est en tout cas l'impression que The 100 laisse, dans cette esthétique proche du show de Syfy, mais surtout en se révélant être ce qui est sans doute la série d'anticipation la plus ambitieuse et maîtrisée depuis de nombreuses années. A rattraper absolument.
★★★★★★★★☆☆