Lorsque des scénaristes français décident d’adapter un roman de science-fiction, ils passent à la moulinette, le roman Les 7 vies de Léo Belami de Nataël Trapp, pour n’en conserver qu’une vague idée et laisser entendre qu’il pourrait y avoir une suite.
Pour ceux qui ont craqué sur le roman, la surprise est de taille. Tout d’abord, le personnage principal n’est plus un garçon, mais une fille, Léa, avec des problèmes de fille, des réflexions de fille et une meilleure copine handicapée, pour être davantage dans l’air du temps. L’angle d’attaque est donc diamétralement opposé.
Afin de poursuivre dans le délire, la victime, reine du lycée, est remplacée par Ismaël, un garçon issu de l’immigration, dont le père est exploité par un vilain riche blanc. Pour ajouter une couche de pathos, ce même Ismaël est le souffre-douleur du fils de ce patron, un gros con que son père frappe… Et bien entendu, il est poursuivi par des beaufs racistes, dont l’un fait juste semblant de l’être pour faire comme ses potes (sic).
Passons sur 1988 qui est changé en 1991, car les problèmes sont plus profonds. Les scénaristes n’ont visiblement aucune connaissance du paradoxe du grand-père, pas plus que de l’autocohérence de Novikov et encore moins de ce que peut être un anachronisme. De la SF, il ne reste qu’une espèce de métempsycose pas toujours bien gérée et à laquelle on a du mal à s’habituer pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, l’année 1991 est très mal reconstituée. Les anachronismes sont nombreux, les dates sont fausses (il est quand même facile d’ouvrir un calendrier perpétuel sur Internet, c’est gratuit), la vie au lycée est une vaste fumisterie, surtout que la période choisie est celle du bac et que les lycées sont fermés ou les élèves sont en révisions. On voit un vague cours d’anglais totalement bidon à un moment. Les fringues des ados de cette époque semblent reconstituées à partir d’un rêve sous acide. Des acides présents parmi ces jeunes… En 1991 ? Sérieusement ? C’est une drogue des années 1970 !
Pire, ces scénaristes ont été incapables de vérifier les dates du bac de 2021, une période où on portait encore le masque. Mais ce n’est pas grave puisque les deux établissements scolaires sont présentés comme des poubelles, dont les murs sont recouverts de graffitis et les toilettes aussi pourries que ceux d’une aire d’autoroute, à la manière des films américains des années 1980…
Lorsque les Français font du fantastique : anachronismes, dates erronées, reconstitution des années 1990 hallucinées, incapacité à vérifier les simples dates du bac de 1991 et pire, de 2021, utilisation d'acteurs ayant 5 a 10 ans de plus que leur rôle...
Que reste-t-il alors ?
Une actrice, Raïka Hazanavicius, absolument magnétique, qui éclipse les autres comédiens, souvent assez médiocres. Dommage qu’elle ait dix ans de plus que son rôle. Ses questionnements sont aussi intéressants, bien que parfois un peu à côté de la plaque.
C’est bien peu…
Et que dire de ce dénouement tiré par les cheveux ?
Les 7 vies de Léa aurait pu être un beau projet, même en changeant Léo en Léa, c’est juste une série moyenne, qui va plaire à des gens pas difficiles, peu habitués à ce genre d’intrigues et peu regardants sur les incohérences du scénario, des dialogues pas toujours crédibles et un montage souvent fait à la tronçonneuse.