J’ai découvert cette série de documentaires historiques il y a plus d’un an grâce à mon père, en commençant par l’épisode sur Stalingrad, qui reste selon moi l’un des meilleurs tant sur la qualité de l’écriture, que documentaire. Je vais vous expliquer pourquoi la série des grandes batailles est marquante. Avant cela, je vais vous résumer le projet des grandes batailles.
La genèse du projet vient d’un effort commémoratif des batailles, notamment dans le cadre des cinquante ans de la bataille de Verdun, soit l’année 1966. L’épisode connaîtra un certain succès, ce qui, suite à cela, permettra la production d’une série d’épisodes consacrés à la Seconde Guerre mondiale. C’est plus particulièrement sur ces épisodes que je vais porter mes propos, même si je ne peux que vous conseiller de consulter la liste des épisodes selon vos préférences historiques. Par exemple, l’épisode sur Waterloo est également de qualité. Le ton grave et passionnant d’Henri de Turenne, journaliste documentariste et de surcroît présentateur de l’émission, en est pour beaucoup la raison. Je mets néanmoins en garde le lecteur de cette présente critique quant au fait que certains épisodes ont davantage vieilli que d’autres.
En tant qu'historien, je me questionne sur les hommes du passé et je les confronte aux hommes du temps présent. Autant dire que cette série historique, centrée sur les conflits militaires exposés de manière détaillée et passionnante, a bien nourri ma réflexion. Les épisodes sur la Seconde Guerre mondiale sont, à mon sens, exceptionnels. Depuis lors, la recherche a bien entendu évolué. Certaines données ou propos historiques ne sont plus du tout à jour. Mais, la manière de mettre en avant les témoins et le respect des sources est extraordinaire et cela fait la force d’un bon documentaire historique. Les archives ne doivent pas appuyer les propos du narrateur, mais servir de point de départ. On retrouvera par exemple une explication du plan Barbarossa (plan d’attaque allemand de l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale) sur la base de la vraie source. En outre, certains témoignages sont d’autant précieux que les témoins sur lesquels je vais insister, s’exprimant essentiellement près de 30 après les faits, commençaient à vieillir. Ces témoins sont parfois des invités de choix (Gueorgui Joukov, Constantin Rokossovski pour ne citer qu’eux) tout comme des témoins, je vais dire, « plus ordinaires ». C’est donc en ce sens, une trace et une source historique qui serviront de base pour d’autres projets, notamment pour documentaires Apocalypse.
En effet, il faut mettre en parallèle certains épisodes des grandes batailles avec la saga Apocalypse. Les deux séries ont en commun Daniel Costelle qui a déjà travaillé à ce moment-là sur le projet des grandes batailles, alors qu'il n’était qu’au début de sa carrière professionnelle. Est-ce que la série des grandes batailles était l'expérience, Apocalypse son chef-d'œuvre ? Il en est bien possible. Je ne serais pas étonné que certains passages soient repris et colorisés dans Apocalypse.
Comme je l’ai dit précédemment, l’une des grosses forces de l’émission est le recours au témoin, et en ce sens, c’était assez novateur puisque personne en France n'avait porté autant l'attention sur les témoins à ce moment-là. Certains témoignages m’ont marqué. Je pense par exemple au général Ivan Ludnikov (ou Lyudnikov) avec ses mots forts en optimisme, malgré les horreurs qu'il a vécues à Stalingrad : la perte de camarades à la pelle et la dureté des combats. Les hommes de cette époque ont beaucoup souffert, mais malgré cela, ils faisaient preuve d’un courage admirable et d’une robustesse à toute épreuve. Ce dernier sera cité des années plus tard dans Apocalypse, la Deuxième Guerre mondiale, épisode 5 L'Étau, dont le passage en question résume l’essence même de cette interview.
À découvrir pour les passionnés d’Histoire, notamment militaire !
Pour plus d’informations, je vous renvoie vers la vidéo explicative de la genèse du projet des grandes batailles : https://www.youtube.com/watch?v=Dx0t0CKX2Rc