Les Invincibles partait pour être un nouvel étalage comique franchouillard : il y a Depardieu et la pétanque, de quoi stimuler aisément la fibre chauvine chez un spectateur content qu'on mette son patrimoine à l'honneur.
C'est en tout cas bien le type de film auquel on a à faire, avec ses clichés assumés et ses raccourcis parfois navrants. Mais il a un avantage, car c'est une merveille de casting qui ne fait pas les choses à moitié. Les discriminations bornées de Prévost, Baer qui pontifie bêtement, Efira avec sa répartie, Depardieu qui est lui-même et Galabru qui caméote, c'est une série gagnante qui camoufle très bien les coutures (des lignes de dialogue pauvrement justifiées, notamment), et l'empêche de laisser un mauvais arrière-goût.
Niveau comédie, on a également fait pire. Dosant bien, Frédéric Berthe réalise une étude intelligente de toutes sortes de discriminations sans trop faire de fausse morale. Machisme, racisme, tout se mêle de manière attendue mais ne retombe pas à plat, car il y a aussi de vrais questionnements, par exemple, sur l'autorité factice que confère un titre de champion de France, ou bien sur ce qu'il est déplacé de faire avec un sponsor venu de Dubaï.
C'est dispersé mais tout cela prend vraiment soin de la pétanque, faisant que le petit sport ne souffre pas du feu des projecteurs comme cela arrive souvent aux objets de films semi-patrimoniaux. À croire que Baer et Depardieu amènent un petit côté Astérix, l'aura d'une France aussi traditionaliste que charismatique. Esprit de clocher ou non, Les Invincibles a ses chevaux de bataille mais il est tout à fait regardable.
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