Soyons honnêtes : il est probable que pour ceux qui auront lu le roman de Ken Follett, cette adaptation apparaîtra un peu décevante. C'est qu'on ne résume pas plus de 1000 pages en à peine sept heures facilement! Paradoxalement, je suis donc assez content de ne pas m'être plongé auparavant dans ce pavé, tant le plaisir a pour moi été grand. Pourtant, je dois avouer que le premier épisode était loin de m'emballer totalement : beaucoup de personnages, un récit pas toujours fluide voire un peu confus... L'enthousiasme n'y était pas. Heureusement, très rapidement Sergio Mimica-Gezzan resserre son intrigue, et si on perd peut-être un peu en complexité, on gagne assurément en dynamisme et en émotion.
D'autant que loin de nous livrer une vision simpliste quant à l'enjeu que représente la construction de cette cathédrale, les scénaristes nous proposent différents points de vue. Et s'il est impossible de prendre parti autrement que pour Tom le bâtisseur, le Prieur Philip et leurs camarades, voir ce qui peut motiver leurs ennemis, très présents durant les huit épisodes, n'en est pas moins très enrichissant, même si les raisons sont au fond toujours les mêmes à travers les siècles : l'ambition, le pouvoir... Pourtant, nous ne perdons que très rarement le fil d'un scénario intelligent, laissant la part belle à l'action tout en restant proche de ses personnages, la grande majorité représentant d'ailleurs un profond intérêt.
Car si certains sont en tout point abjects, l'ambiguïté est présente chez plusieurs d'entre eux, quel que soit le côté où nous nous trouvons. Force, intensité, passion... Voilà ce qui manque le plus souvent au cinéma aujourd'hui et que l'on trouve avec bonheur ici, à l'image des savoureuses prestations de Ian McShane et Sarah Parish. Sans doute inférieur donc au livre d'origine, « Les Piliers de la Terre » n'en est pas moins pas moins foisonnant et brillamment reconstitué historiquement : un très beau moment de télévision, tout simplement.