Saison 1 (8/10) :
D'un côté, certains ne manqueront pas d'être frustrés par la tournure prise par cette première saison des « Revenants ». De l'autre, il serait quand même très dommage de n'insister que là-dessus tant la série reste d'une richesse absolument incroyable. La première, c'est son esthétique : merveille de réalisation, de cadrage, la photo touche souvent au sublime (notamment concernant les scènes nocturnes), donnant à l'œuvre une atmosphère envoûtante m'ayant ébloui dès l'introduction, le générique et la musique s'avérant tout aussi lumineux. Mais pour une fois, cette élégance rare dans une production française n'est pas uniquement là pour masquer le manque de fond, bien au contraire.
Au-delà du fait qu'on se régale à voir notre beau pays s'attaquer à ce genre passionnant qu'est le fantastique, on sent d'emblée un potentiel énorme, les enjeux étant remarquablement décrits, tout comme les conséquences sur la vie des uns et des autres touchés par ces « retours » par définition plus qu'inattendus. Seulement voilà : après un début en fanfare et fascinant, exploitant superbement son idée de départ, le scénario commence à montrer des faiblesses. Les raisons sont évidentes : trop de personnages énervants, de réactions plutôt bizarres et de chouineries omniprésentes, nous empêchant de nous attacher, voire parfois de nous intéresser à ces différentes figures, le cinquième épisode étant à ce titre le moins réussi.
Reste que même ces problèmes majeurs ne viennent pas altérer notre amour pour le résultat, doté d'un pouvoir hypnotique hallucinant et toujours capable de nous surprendre par quelques scènes incroyables, venant constamment relancer l'intérêt d'un récit déjà profondément original. Bref, si « Les Revenants » part des fois dans des directions inattendues et déconcertantes, elle n'en est pas moins un moment de télévision souvent magnifique, audacieux et passionnant : me concernant, c'est avec beaucoup d'impatience que j'attendrais le second volet.
Saison 2 (4/10) :
Trois ans d'attente pour... ça. Alors c'est sûr : visuellement c'est toujours aussi somptueux, majestueux, étincelant : non, décidément, de ce point de vue « Les Revenants » restera une série majeure de la télévision française. Seulement, et un peu comme je le craignais, cette deuxième saison tombe dans à peu près tous les pièges que la précédente avait su éviter plutôt habilement. Passons sur l'interprétation, globalement médiocre et où personne ne sort du lot : ce n'était déjà pas le point fort, c'est encore pire ici (allez, on peut vaguement sauver Céline Sallette, tandis que Clotilde Hesme sombre comme jamais).
Pour le reste, il ne se passe quasiment rien, quelques pistes lancées de-ci de-là, une atmosphère intrigante, une poignée de réponses (évasives) quant aux questions soulevées précédemment... et c'est tout. Franchement, lorsque l'on voit en une année ce que les productions américaines sont capables d'offrir, et qu'il aura fallu trois fois plus longtemps pour pareil résultat, je me dis qu'on est pas si loin de l'arnaque. Je ne peux même pas écrire que je me suis réellement ennuyé (quoique), mais lorsque je vois les sensations qu'avait pu me procurer le premier volet, il est peu dire que le compte n'y est pas. Si c'est tout ce que Fabrice Gobert avait encore à nous raconter, on comprend (et approuve) hélas que la série n'ait pas de troisième saison... Triste conclusion.
Critique globale (6/10) :
Une note logique lorsque l'on fait la moyenne des deux saisons, peut-être un peu moins lorsque l'on découvre le niveau terriblement décevant de la seconde, notamment en ce qui concerne l'histoire... Si « Les Revenants » restera incontestablement comme une grande réussite visuelle à des années-lumières des productions hexagonales habituelles et comme une grande réussite tout court durant sa première saison, où Fabrice Gobert exploite merveilleusement un point de départ aussi complexe que passionnant avec beaucoup de sensibilité et de finesse, la deuxième restera en revanche comme un bel exemple de vacuité « made in France », certes toujours aussi beau à regarder, mais n'ayant plus rien (ou si peu) à raconter, faute encore moins pardonnable après TROIS années d'attente... Contentez-vous des huit premiers épisodes, vous en sortirez ravis et au moins ne serez-vous pas frustrés ensuite, c'est encore ce qu'il y a de mieux à faire.