La série a pour ambition, rien moins que d'être une fiction réparatrice, voyez comment sont dénoués les fils de l'intrigue. Les auteurs croient au pouvoir des symboles, drapeau algérien et couleur de l' ASSE entre autres. L'art du contraste au lieu de donner du relief reste dans la facilité de la fresque, une sorte de film de comics à la française. Obama est la figure de référence du superhéros Chaouch ce dernier augurant, grâce à son charisme et ses paroles d’Évangile, une meilleure réussite que son homologue réel américain pour faire vivre ensemble ceux qui ont peine à cohabiter. Geoffroy Guichard en arène / assemblée, c'est assez extraordinaire pour un stéphanois comme moi. Bref le simplisme plombe un peu l'ambition balzacienne, les personnages secondaires servent trop de rouages de la machine. Les individus priment sur le collectif, le vœu pieux nous laisse sur notre faim, tant il aurait été passionnant de suivre le président dans son combat.
Très américain, ou mainstream dans son style, la série se pose comme produit exportable dans l'industrie audiovisuelle. En dessous d'Engrenages et le Bureau des Légendes aux scénarios et réalisations plus travaillés. Le duo aux commandes étant novice, la comparaison ne se justifie pas complètement. On lui saura donc gré d'avoir choisi les acteurs idoines.
D'aucuns raillent l'invraisemblance ou les maladresses, là où je trouve que la série a le mérite d'oser. Mêlant divers genres, elle ne ressemble à rien de connu.
Commencée en pur thriller pour tenter l'envolée vers le drame et s'achever en plaidoyer politique, en six épisodes...Elle aurait mérité plusieurs saisons afin de creuser sujets et personnages. Et
aurait ôté ce sentiment que nous spectateurs, on s'est fait un peu trop facilement baladé...
L'imagerie christique trop assénée à mon goût, j'ai me suis en revanche délecté du tableau des judas. Ils sont foule, aux figures et destins différents; Ils incarnent ce qu'il y a de plus troublant au fond chez les Chaouch et les Nerrouche, des êtres entre-deux-monde* déchirés au plus intime.
Ils symbolisent collectivement deux possibles, parmi tous ceux esquissés par la série, avant le choix final. Terriblement politique. qu'on y adhère ou non, il est au cœur du problème.
Je n'ai pu m'empêcher de penser en écoutant le superbe Zem, au président Chirac et ses paroles du Vel d'Hiv en 1995. Le pouvoir des mots sur les maux, plus fort que tous les autres?
- la série est elle-même déchirée entre deux mondes artistiques...