Adaptation télévisuelle réalisée au début des quatre-vingt-dix, quelques années à peine après la sortie du livre lors qu’il était à la mode d’adapter les terreurs littéraires de Stephen King au cinéma, ce film médiocre s’est visiblement préparé sans budget et sans ambition. Sans oublier les oublis et les reniements par rapport à l’œuvre originale :
monumental et magistral raté !
En premier lieu, c’est tout le propos principal du livre, autour de l’énergie et des soifs de confort qui dévorent l’homme, qui est totalement et consciemment nié. Si c’est bien une certaine forme d’énergie qui s’empare des personnages, si une pauvre séquence de rhétorique antinucléaire tapisse vite fait l’introduction, la question des dangers de l’appropriation d’une énergie qui dépasse l’entendement n’est jamais abordée, et pour terminer, non-sens total, les envahisseurs prennent vie, en écailles et en os, pour un affrontement final des plus pathétiques. Rapidement aussi, un second contresens se fait jour dans les libertés énormes du scénario : là où toute la tension narrative de l’œuvre originale jouait en partie sur les limites d’une amitié solide qui se dégrade, le film fait des personnages principaux un couple d’amants et, plutôt que de laisser sombrer l’un deux dans l’alcoolisme (pièce maîtresse du récit original), le montre toujours abstinent, combattant les envies mais n’y cédant pas. Il y a encore ce chien qui survit bien trop longtemps, le mystère de la grange qui survient soudain sur le dénouement quand il était un élément prépondérant du mystère dans l’œuvre de Stephen King, et puis tous les raccourcis, la chronologie plutôt que la dispersion essentielle, ou la forme du vaisseau…
Au final, le film propose
un récit médiocre, plat et sans surprise.
Niveau visuel, c’est également catastrophique. Sans budget et sans ambition, la pauvreté des décors nuit au déploiement de l’angoisse, la photographie joue sans caractère et les ridicules effets spéciaux font plus rire qu’autre chose. L’emballage, pour résumer, est plus que fade. Au point de se dire que faute de moyens et d’ambition, le métrage n’aurait jamais dû être tourné.
Allez, deux points positifs tout de même : la seule réussite de l’adaptation est le choix nominal du réalisateur John Power, qui malheureusement passe à côté de la question de l’énergie justement et, plus sérieusement, la seule prestation notable est celle de Jimmy Smits qui interprète le héros. Pas toujours au top mais quand on voit le manque d’exigence, on sent combien l’acteur a conscience de cette chance dans sa carrière et combien il tente de donner autant de relief possible à
un personnage aplati par un scénario pauvre.
Trois heures de téléfilm façon nineties : scénario plat et plein de contresens, photographie et cadre sans travail, aucune direction d’acteur, montage lent, sans surprise, et effets spéciaux ratés, Les Tommyknockers est une sombre bouse télévisuelle sans intérêt. Quoique : là où l’œuvre originale offre une solide matière pour une série ambitieuse, il semble indispensable en préambule, pour tous ceux qui souhaiteraient s’y atteler, de se farcir ce métrage insipide comme
exemple presque exhaustif de ce qu’il ne faut absolument pas reproduire.