La vie d'un comédien de stand-up new-yorkais
Filmée à New-York avec une seule caméra RED, cette série nous fait vivre le quotidien d'un comédien divorcé, cynique et dépressif. Autant vous prévenir tout de suite, l'humour de Louis C.K. ne s'adresse pas à tout le monde : le bonhomme aime choquer et parle de façon très crue de sujets tous plus tabous les uns que les autres. Il faut s'y faire, et bien évidemment, il faut aimer le stand-up à l'américaine.
Concrètement, la série ressemble à une succession de vignettes, sans rapport les unes avec les autres : on voit Louis dans sa vie de tous les jours, puis on enchaîne avec un extrait de stand-up qui n'a rien à voir, et ainsi de suite. Contrairement à Curb Your Enthusiasm où les éléments s'imbriquent petit à petit pour déboucher sur un final explosif, cette comédie n'a pas vraiment de trame générale : même si les 2 séries ont des similitudes dans leur manière de se moquer des détails du quotidien, Louie est bien plus brute de décoffrage, et le langage employé est particulièrement explicite. De nombreuses scènes sont filmées en un long plan séquence : cela donne évidemment une certaine authenticité aux dialogues, mais inévitablement, certaines vignettes sont complètement ratées (la mort de Jésus vue par le FBI, le rêve avec Ben Laden, la discussion interminable avec Joan Rivers...).
Alors que beaucoup de séries nous montrent un New-York idéalisé peuplé de gens riches, beaux et dynamiques, Louie ne triche pas avec sa ville, et jamais une comédie ne m'a semblé retranscrire aussi distinctement l'atmosphère de NYC. Malgré cette ambiance urbaine et réaliste, la série s'autorise parfois quelques moments absurdes ou fantasmés, telle cette scène surréaliste où un SDF se lave près d'un virtuose du violon sur le quai d'une station de métro.
Malgré quelques problèmes de rythme, cette comédie est assez unique dans on genre, et elle nous permet de voir Louis C.K. sous 2 facettes diamétralement opposées : le Louis du quotidien est désabusé, introverti et bougon, tandis que le Louis sur scène est un fauve sans pitié qui n'hésitera pas à humilier devant tout le monde une spectatrice qui aura eu l'affront de parler pendant son spectacle. Il n'y a pas de phase intermédiaire entre ces 2 personnalités, et dès que le gros rouquin achève son set et repose son micro, on le voit s'éteindre instantanément sous nos yeux, un peu comme s'il redescendait sur terre après un "orgasme comique".
Comme je vous le laissais entendre précédemment, la force de ce show réside avant tout dans la qualité des scènes de stand-up. Il faut entendre Louis C.K. parler de masturbation, d'un dieu alcoolique ou de diarrhées quotidiennes pour le croire, et on peut saluer au passage la chaîne FX pour ne pas avoir obligé le comédien à édulcorer son matériel : si vous avez eu l'occasion de voir un de ses "specials" sur HBO, soyez rassurés, cette comédie à petit budget lui ressemble à 100%, et Louis C.K. fait toujours du Louis C.K.