Love Death & Robots est une série anthologique d’animation de 18 épisodes allant de 7 à 15 minutes chacun et ayant pour univers en commun la science-fiction. On pense bien sûr tout de suite à Black Mirror et autant dire que vu le tournant que prend cette dernière, c’est plutôt agréable de voir que la nouveauté peut encore être mise à l’honneur.
Enfin pas tout le temps…
Parce qu’il se trouve que Love Death & Robots est assez inégale dans ses différents épisodes, si le travail d’animation, qui a été réalisé par un studio différent sur chacun des « courts », est toujours irréprochable. Allant de styles cartoonesque jusqu’au photoréaliste en passant par les plus graphique, il n’en est malheureusement pas de même pour le fond.
Selon moi, les défauts de la série résident dans son esprit se voulant trop mature, trop adulte et décomplexé (j’imagine que la participation de Tim Miller à la production y contribue), venant parfois gâcher tous les enjeux et possible réflexions en affichant un excès de violence et de sexe. On croit souvent à tort que c’est ça qui fait d’une série une série dite « pour adulte », en réalité je pense que c’est tout le contraire, la capacité à être mature réside plus dans le recul que l’on prend pour raconter une histoire et ce sont les épisodes les plus calmes qui sont finalement les plus intéressants à analyser.
Un autre problème apparaît rapidement, on finit très vite par trouver les mêmes thèmes, les mêmes twists et s’installe alors un schéma prévisible allant jusqu’à rendre certains épisodes vraiment redondant.
Le meilleur exemple selon moi est l’épisode Fish Night qui, avec son graphisme magnifique, développe en quelques instants une ambiance contemplative colorée et originale, mais dès l’apparition du requin on sait ce qu’il va se passer, plus aucun suspense jusqu’à la fin de l’épisode et là où on aurait pu avoir un épisode léger et poétique, on se retrouve avec une revisite du mythe d’Icare pas franchement surprenant.
Les épisodes Sonnie’s Edge, Suits, Sucker of Souls, The Dump, Blindspot, Shape-Shifters et Secret War n’offrent pas vraiment plus qu’un intérêt graphique et donnent plus la sensation d’un gros délire violant d’adolescent. L’épisode The Witness (qui a l’air de beaucoup plaire), est finalement très classique en terme d’histoire (une course poursuite, un twist vu et revu) et trouvera également un intérêt dans son animation.
Au contraire, les épisodes Three Robots, When The Yogurt Took Over et Ice Age (étonnement réalisé par Tim Miller) sont plus calme et assez drôle sur la façon de voir l’humanité. Beyond the Aquila Rift est plus psychologique et utilise bien mieux le sexe comme vecteur de narration. L’épisode Good Hunting développe un univers très cool qui donne envie d’en voir plus. Helping Hand se démarque par son ambiance désespéré et anxiogène, Alternate Histories est fun (mais un peu con), Lucky 13 à un petit côté émouvant tandis que Zima Blue est certainement le meilleur épisode et prouve qu’il suffit parfois d’une symbolique forte sans être complexe pour montrer ce qui est vraiment « mature ».
Love Death & Robots est une série très sympa qui se dévore vite et qui, malgré ses quelques défauts, met à l’honneur du mieux possible de petits studio d’animation atypique qui auraient le pouvoir de faire des choses vraiment sublime sur un film entier (la preuve en est avec Into the Spider Verse l'année dernière).