A force de déplorer que, contrairement à son pendant britannique, la fiction audiovisuelle française est incapable de capitaliser sur ses grands héros classiques, il fallait bien qu'elle tente le coup à un moment.
Le choix idéal se résumait, en gros, à du Jules Verne ou du Alexandre Dumas mais il faut avouer que tourner à Paris et sans décors d'époque, ça coûte moins cher. Optons donc pour un Arsène Lupin contemporain qui en fait n'est pas vraiment Lupin mais qui se sent obligé d'expliciter en permanence qu'il utilise des éléments de narration issus des livres de Maurice Leblanc... On ne sent pas les scénaristes très à l'aise avec leur concept.
De fait, si l'on peut saluer ce renouvellement thématique par rapport à ce que proposent habituellement nos productions nationales, difficile de ne pas déplorer sur la forme un faible rip-off du Sherlock de la BBC.
Malheureusement, n'est pas malin qui veut et les effets qui ponctuent l'intrigue, pour caractériser un protagoniste plus intelligent que tout le monde (ce en quoi Sherlock brillait avant de commencer à se regarder le nombril), font doucement sourire par leur naïveté.
Techniques de steganographie qu'on n'oserait même pas utiliser dans des énigmes de Geocaching niveau 1, anagrammes évidents, mots surlignés par des tâches dans un livre ... Même les personnages le disent : deux fautes d'orthographe ne font pas un message caché ... et bah si ça en fait un quand même.
Tout cela fleure un cruel manque d'imagination (voire d'intelligence ?), au même titre que les tours de passe-passe et autres escamotages effectués hors-champ parce que physiquement impossibles.
Voilà pour la forme, sur le fond on est bien sur une fiction destinée au public du PAF français. Arcs trop simples, caricatures de personnages et de situations dans l'air du temps, sujets sociétaux de façade, jamais développés, jamais questionnés; pour aboutir probablement a un statu quo qui ne froissera pas l'esprit franchouillard : "OK chez nous on a des injustices et des inégalités mais quand on veut on peut, alors plutôt que de traiter le problème de manière globale prenons en exemple ceux qui s'en sortent individuellement à coups de combines et de passes-droits."
TLDR : c'est mieux que 95% de la fiction TV française, mais c'est quand même pas ouf.