Critique peu aisée et qui restera très globale.
On serait tenté de commenter épisode par épisode que l'on trouverait plus ou moins réussi mais par rapport à quel critère ? Le roman de Simenon correspondant ? La variation du jeu de Cremer d'un épisode à l'autre ?
Il vaut donc mieux voir la série dans son ensemble qui a l'avantage d'être assez cohérente.
D'abord la musique des génériques, toujours la même du début du volume 1 à la fin du volume 7, a ce petit caractère un peu vieillot mais qui met tout de suite dans l'ambiance des années d'après-guerre qui est la période choisie pour situer les différents épisodes.
Ensuite le jeu de Bruno Cremer relativement égal donne une sorte de cohérence à l'ensemble. Il y a quand même une petite évolution du caractère entre le début et la fin, mais après tout qui ne voit pas son caractère évoluer en vieillissant ? Et son jeu transcrit plutôt bien la placidité du commissaire du roman. Il transcrit bien aussi le refus du commissaire de subir les pressions des politiques ou des juges d'instruction. C'est le bulldozer qui avance lentement et inexorablement.
Bien sûr, son port de la pipe, accessoire incontournable, fait apparaître que l'acteur n'est probablement pas fumeur de pipe mais peut-être que je me trompe.
De même, ses relations avec ses adjoints, certains jeunes inspecteurs en particulier, laissent souvent transparaître son impatience ou sa désapprobation alors que le "vrai" commissaire en joue plutôt voire ironise et transcende un peu les défauts des jeunes. Mais, alors, ce n'est pas tant le jeu de Bruno Cremer qui est en cause que le scénariste ou le réalisateur de l'épisode qui impose, peut-être, telle ou telle attitude.
Au final, pour conclure sur Bruno Cremer, il est parfaitement crédible et certainement un des meilleurs sinon le meilleur interprète au long cours du commissaire Maigret.
Parmi les autres interprétations - en général - ponctuelles du Commissaire que ce soit Gabin ou encore Harry Baur pour ne citer que les plus célèbres et qui ont donné l'occasion de grands films comme "Maigret tend un piège" ou "l'affaire Saint-Fiacre" (Gabin) ou bien encore "la tête d'un homme" (Baur), je n'observe pas non plus une plus grande cohérence avec le Commissaire des romans.
Un de mes regrets sera toujours que le "chien jaune" qui est des enquêtes de Simenon que je préfère et dont le sens est profond, n'ait jamais été jouée par Cremer. L'interprétation par Tarride étant un superbe ratage...