Le pas à faire pour s’intéresser à un anime sur le Shogi, pour un occidental est assez grand. Petit je jouais "bien" aux échecs, mais ça ne m'a pas passionné plus que ça car à force je n'avais plus qu'un ordinateur pour adversaire. Et quand un animé montre la vie d'un lycéen, pro du shogi, on peut légitimement penser qu'on va s'ennuyer assez vite. Mais ce serait jeter la pièce en bois trop vite sur cet animé qui est plutôt surprenant.
Faisons un petit arrêt sur l'introduction de l'animé. On suit Rei (aucun raport avec Ayanami) sur une musique avec des paroles en français qui effectue le parcours entre chez lui et son club de shogi. Ce passage est absolument incroyable.
Il apporte une espèce de mise en bouche pour cette histoire. Ce n'est pas forcément original, je me rappelle la façon dont, par exemple Guilty Crown introduisait la violence du monde en contraste avec la chanson interprétée par la protagoniste, mais ici on est d'emblée posé par des jeux sur les couleurs (un peu comme Koe no katachi l'a fait avec les croix sur les gens que le protagoniste ignore), avec une musique douce et qui entraîne dans l'animé tranquillement. Et l'animé va jouer de nous visuellement, avec une habilité déconcertante à jouer de l'obscurité et des couleurs chaudes. Cet animé est un manga animé, loin du réalisme d'autres séries. Et ça marche bien.
Hormis le magnifique insert song, le premier opening / ending m'ont pas mal accroché, je suis plus réservé sur le second (question de gout musicaux personnels). Ce qui est notable, c'est le son des pièces, et toute cette cinématique visuelle et sonore, cette routine qui s'installe dans la vie du spectateur comme dans la vie du héros. C'est réussi de ce point de vue, on y est. J'ai fait une allusion à Guilty Crown en préambule, mais c'est parce qu'Akari, sa voix, c'est celle d'Inori, la protagoniste de Guilty Crown. A vrai dire, 3-gatsu a choisit des seiyuu vraiment adaptés, on est vraiment dans l'histoire par la façon dont ils jouent. C'est un fait que je souligne rarement, mais si l'interêt de l'histoire m'a fait décroché parfois, le jeu d'acteur m'y a ramené. Au passage, la petite Hinata est la voix de Mistuha dans Kimi no na wa.
Mais là où le bas blesse, c'est que l'empathie m'a été difficile sur cette première saison. Le héros est assez desespéré (et qui ne le serait pas à sa place) et heureusement que l'apport d'Akari, Hina et Momo apporte de la lumière, même si elle est contrasté par la "grande soeur" de Rei. L'histoire est en fait bien balancée et équilibrée, mais manque de saveur. Le pari est très audacieux, je crois que cet animé marche bien mieux au Japon (quoi que ce n'est pas non plus hyper populaire le shogi si on n'en croit la réaction des camarades de classe de Rei). Mais réussir à apporter de l’intérêt pour un spectateur comme moi à cet animé, c'est un petit exploit, pire, je vais regarder la deuxième saison sous peu. Ce qui me manque, c'est un peu plus d'émotions car c'est ce que je cherche dans un animé. J'imaginais que cet animé en aurait plus, mon attente était trop différente de ce que j'ai eu mais je suis très content.
Je n'ai vraiment pas facilité la tâche à cet animé, je l'ai vu juste après "Your lie in april" (le confinement laisse trop de temps à découvrir des merveilles sur un écran). Il n'est pas aussi bon, contrairement à ce que les notes me laissaient penser.
Du moins à l'aube de la seconde saison que je n'ai pas encore vu. Mais je me rappelle de deux autres animés qui m'avait laissé un peu sur ma faim suite à leur première saison : Hibike euphonium et Clannad. D'autres aussi surement, mais moins géniaux.
3-gatsu a le mérite d’intéresser son spectateur, même s'il est pas forcément ouvert au shogi, et il le fait brillamment. Un soupçon d'humour, quelques émotions, c'est une entrée réussie. Pas la meilleure certes, mais on est dans la catégorie du bien, voire très bien, ne serait-ce que par les efforts fait pour rendre cet série appréciable en terme d'image qu'elle donne, l'expérience son et vue est bien plus que convaincante. Beau boulot le studio Shaft.