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Mare est détective dans une petite ville sans charme du fin fond des États-Unis : Easttown. Comme souvent dans ce genre de bourgade, tout le monde se connaît. Et Mare est de celle que les habitants respectent. Car si elle est représentante de l’ordre, elle n’hésite pas à apporter du réconfort aux démunis et aux solitaires. Malheureusement, sa notoriété a été entachée par la non-résolution d’une affaire locale qui a vu une adolescente, fille d’une de ses « amies », disparaître sans laisser de trace. Pourtant, personne ne peut reprocher à Mare de ne pas être investie dans son travail. En effet, celui-ci semble être un refuge efficace pour lutter contre le désarroi qui l’a assailli après le suicide de son fils drogué et dépressif. Depuis, elle prend soin de l’enfant de ce dernier, qu’il a eu avec une femme privée de son autorité parentale en raison de son addiction à la drogue. Pour compléter le tableau familial, ajoutons qu’elle partage avec son ex-mari (dont elle s’est séparée après la mort de leur enfant et qui vit en face de chez elle) la garde de sa fille Siobahn. Au début de cette histoire, la vie n’était donc pas particulièrement rose pour Mare. Mais quand une jeune femme est retrouvée morte un matin près du parc de la ville, la vie de l’ensemble des habitants d’Easttown va être profondément chamboulée et bon nombre de secrets inavoués apparaîtront au grand jour.
Une enquête policière menée dans une ville à l’allure austère et où le soleil ne semble être là que par intermittence, ce n’est pas une première. Mais la présence de Kate Winslet en actrice principale titille notre curiosité malgré le peu d’originalité que nous propose le pitch. D’autant plus qu’on réalise très vite que le ton de la série sera rêche, âpre et que la star n’est pas là pour se mettre en valeur. Elle est en effet l’antithèse de ce que nous propose Nicole Kidman ces derniers temps. Pas de sophistication, pas de visage iconique. Le personnage de Mare est brut et naturel. Est-il pour autant plus expressif ? Pas sûr. Peu avenant, il restera assez monolithique tout du long, mettant l’accent sur la droiture rigide de son personnage. Jusqu’au bout, on aura bien du mal à ressentir de l’empathie pour cet être pourtant empli de souffrances, mais dont on attend désespérément que la glace se brise. Il n’en sera hélas rien et de ses failles, ne s’échapperont qu’un nombre limité d’émotions propres à combler le spectateur. Même les séances chez la psy, qui peuvent s’avérer assez intenses dans bon nombre de séries (voir « I know this much is true » https://seriephiledudimanche.jimdofree.com/2021/04/25/i-know-this-much-is-true/) manquent de puissance.
Indépendamment de son actrice, l’intrigue en elle-même aurait pu compenser ces lacunes. Une histoire criminelle peut être un révélateur de dysfonctionnements sociétaux subtils ou de trajectoires personnelles complexes et émouvantes. Mais là encore, rien de tout cela. Elle se concentre plus sur les liens qui unissent les habitants d’un même microcosme. Ce qui est troublant dans cet environnement est que la notion de vie privée, vie publique et professionnelle se confondent. Chacune de ces fonctions se superposent et n’ont pas de cadre délimité. Mare est en même temps la détective de la ville, la femme divorcée qui a perdu son enfant mais aussi la star de basket que les habitants célèbrent encore. Et il en est de même pour le prêtre, le professeur… Chacun est ainsi dépositaire d’actes qu’il n’aurait jamais dû se voir accomplir s’il était cantonné au rôle que l’on attendait de lui.
De cette situation, le scénario va nous embarquer logiquement sur quelques fausses pistes permettant d’effleurer la noirceur de la psyché humaine. Mais les personnages ciblés ne seront pas assez fouillés pour que l’on puisse ressentir leur détresse et faire ainsi vibrer le spectateur. On est très loin de la référence ultime qu’est « The killing saison 1 » en la matière. Alors certes, on reçoit bien un coup de poing salvateur à l’orée de l’épilogue. Il nous secoue efficacement. Mais cette trouvaille scénaristique, trop isolée, restera sans suite. La montée en puissance espérée n’aura pas lieu.
Le manque global de dynamisme tient aussi au fait que les intrigues secondaires prennent beaucoup de places et empêchent de dynamiter une histoire au rythme ronronnant. Elles auraient pu donner du corps à l’ensemble si les histoires d’amour, assez anecdotiques, n’enrichissaient que faiblement la profondeur psychologique des personnages. De même, les liens familiaux et amicaux manquent cruellement de tension dramatique. Les épilogues de chacune de ces mini-intrigues aboutissent généralement à dresser un portrait assez sombre de la nature humaine. Mais pas assez pour faire frémir et trop convenus pour nous surprendre.
Il reste donc une ambiance, celle d’un petit village morne où chacun assume plus ou moins la place qu’il s’est construite dans le cœur des autres et essaie de se sortir des méandres que la vie a dressé sur leur chemin. Ce n’est pas déplaisant, on ne s’ennuie pas mais cela reste trop classique. En tout cas, pour ceux qui ont déjà visionné la série anglaise « Happy valley » (choquante, bouleversante et monstrueusement humaine), l’ensemble vous paraîtra bien fade.
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