"Mildred Pierce" est une bonne série dramatique aux accents un peu trop hystériques qui retrace 9 ans de la vie de Mildred Pierce pendant la "Grande Depression" qui frappa les Etats-Unis (et le monde) en 1929 jusqu'aux 20 ans de sa fille aînée (seule survivante de ses deux files ce qui n'empêche pas qu'elle sera mise à mort symboliquement). La mini-série (cinq épisodes d'1h15 souvent assez fournis, difficiles à digérer) démarre au moment où Mildred se sépare de son mari infidèle et doit survivre en élevant ses deux filles.
Rapport ambigu, ambivalent, compliqué aux hommes, amitiés teintées d'ambition, guerre filiale, Mildred traverse des instants tourmentés tout au long de la série, tout le monde (ou presque) l'a trahie mais elle tient bon, tente de relever la tête (se montre autoritaire elle -aussi, devenant presque celle qu'elle n'a jamais voulu être: la patronne qu'elle rencontrait quand elle croyait ne pouvoir qu'être serveuse tout en rejetant la "honte" que lui procurait ce métier à ses yeux). Mais, la série va se centrer de plus en plus sur la relation haineuse, pleine de hargne et de revanche, de violence entre Mildred et sa fille Veda sorte de peste ultra capricieuse pleine de mépris pour son milieu, rendue au règne de l'apparence et qui n'a qu'un rêve: quitter le monde honteux de sa mère qu'elle voit comme une ratée alors même que toute la série semble les ramener l'une à l'autre comme des aimants jusqu'au point de non-retour-toujours présent dans les passions houleuses-
C'est que la série réussit une chose: faire de Veda une sorte de sirène envoûtante, dangereuse dont le chant émeut tout autant qu'il transperce; plus elle charme plus elle trahit... Et Evan Rachel Wood qui joue Veda adulte donne à la fois toute sa froideur et sa beauté à Veda. Quant à Mildred, incarnée avec talent par Kate Winslet, elle apprend à n'avoir plus honte d'être elle et découvre que les plus grandes séparations ne sont pas toujours celles que l'on croit... Bilan mitigé pour une série qui assume sa dramatique mais verse trop dans l’hystérie (et peine à dessiner certains seconds rôles un peu simplistes) et souffre de longueurs qui font cruellement défaut au souffle romanesque qui s'insuffle pourtant dans certaines scènes ... Demi-rebelle, demi-femme libérée, Mildred apprend à ne plus être une mère, une patronne mais reste une épouse qui choisit l'amour finalement ...