Misfits est une série vraiment cool. En tout cas au début.
C'est une série qui a l'intelligence de reprendre le concept des X-Men un peu à la façon de Heroes, mais qui a le bon goût de ne pas se servir du prétexte des jeunes pélos qui se découvrent des pouvoirs pour développer une intrigue boiteuse qui finit par devenir indigeste.
Misfits, c'est 1 épisode = 1 intrigue.
On revient en quelque sorte à cette idée ancienne du feuilleton (pré-24 heures chrono, grossièrement), où il ne devient plus nécessaire de suivre tous les épisodes dans l'ordre chronologique pour prendre du plaisir dans le visionnage. Pas d'intrigue longue souvent mal développée. Une idée, un développement, un épisode, toujours autour du thème des pouvoirs acquis, perdus, changés. Il y a bien un petit fil rouge, mais rien qui ne soit d'une envergure suffisante pour faire basculer à l'arrière-plan cette vision mono-épisodique du concept.
Et ça marche bien, vraiment bien.
Mais ce constat ne s'avère malheureusement vrai que pour les trois premières saisons.
Passées celles-ci, on bascule précisément dans ce que la série n'était pas au départ. De nouveaux personnages, on achève de dégager les anciens (parfois sans explications particulières), et surtout on finit par développer une intrigue moisie qui court sur tous les épisodes et ne manque pas de décevoir tant elle se finit en eau de boudin.
Au rang des reproches un peu plus spécifiques, j'en retiens trois :
- Le personnage de Rudy est bien évidemment un transfert de celui de Nathan. Je peux concevoir qu'un changement de casting de dernière minute (je n'ai pas vérifié si c'était le cas) contraigne à ne pas réécrire des pages entières de script, mais un effort pour les différencier un minimum aurait paru un peu moins insultant pour le spectateur. On finit par s'attacher à Rudy malgré tout.
- Le sexe omniprésent. Je ne suis pas une sainte nitouche, mais sa présence est bien trop souvent fortuite et finit par en devenir ridicule. La palme étant décernée à Alex "from the bar", avec son pouvoir vraiment débile qui ne fait que s'ajouter à la (très) longue liste des prétextes trouvés dans la série pour ajouter toujours plus de sexe "parce que c'est drôle/subversif/jeune/décomplexé". C'est juste lourd.
- La réalisation avec un champ de profondeur hyper faible de manière constante. Le parti-pris aurait gagné à être utilisé avec plus de parcimonie. En l'état c'est vraiment la foire au flou en permanence et ça devient désagréable, sans que ça n'apporte quoi que ce soit à la narration.
En bref, une série qui démarrait très bien et qui finit par se transformer en gâchis inexplicable.
Un peu déçu du coup, même si ça vaut le coup d’œil.