Pourquoi ?
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Je me suis décidée à visionner Mon Petit Renne. Ce n'était pas gagné, j'avais l'impression d'être au travail...
Pourtant, je dois reconnaître que la construction même de la série est redoutable de justesse et devrait servir de repère à toute victime de harcèlement et d'emprise.
La force de la série est aussi qu'elle est écrite à la première personne, du point de vue de la victime. C'est à ne pas lâcher lors du visionnage.
Le premier épisode, le premier de la série, ainsi que l'épisode 4, le deuxième premier épisode, montrent que tout est donné dès le départ, dans une relation, le mécanisme, comment se met en place ou pourrait ne pas se mettre en place l'emprise. Le manipulateur, au fond, ne ment pas vraiment, c'est sa façon de dire qui il est, sa vérité, qui créé la tromperie.
L'idée ici est d'attraper quelqu'un et d'en faire sa chose, un objet sous cloche (comme l'illustre l'affiche) seul et inapprochable, et par cette opération de remplir son propre vide avec celui d'un autre. Mieux créer du vide en l'autre et vérifier [même un an plus tard - plus c'est long etc...] que le vide s'est bien transféré en cet autre.
Le statut social n'a rien à y voir, c'est une posture psychique, comprendre cela permet de ne plus se poser la question "Mais enfin, il/elle n'avait pas besoin de faire tout ça avec son [succès, charme, intelligence, etc] remplissez vous-même et la personne et le motif.
D'ailleurs tout ce qui précède serait regarder l'affaire du point de vue des agresseurs.
L'importance des mots ou des propos que l'on tient, l'ambivalence portée par un humoriste en déroute ayant pour finalité de tenter de valider sa propre existence.
Comment se trouve-t-on suspendu à un signe auquel n'importe qui aurait dit "Mais enfin passe à autre chose ! Au fond tu ne sais rien de lui/d'elle !" - "Et puis tu ne sais même pas ce que tu attends, ni pourquoi"...
Comment donne-t-on de la valeur à ce qui n'en a pas une once ?
Le temps de la victime est un temps psychique qui n'a rien à voir avec le temps de la police encore moins celui de la justice : "Pourquoi avoir tant attendu ?" est-ce vraiment la bonne question ?
La bonne question est celle qui ouvre l'épisode 2 que Donny se pose :
I couldn't believe I had done it. Was it a moment of madness or an attempt at self-destruction ?
Comment se trouve-t-on redevable d'une dette que l'on n'a pas contractée ?
La série offre deux niveaux de lecture concomitants :
D'un côté, c'est l'histoire du risque exponentiel de revictimation des victimes de violences en l'occurrence sexuelles (abus, viols, effractions psychiques et physiques en tous genres), un terrain préparé sur les fondations du désoeuvrement et de la crainte d'être un invisible, celui dont la mère aurait souhaité qu'il mourût avec elle, comme il le dit en tant que humoriste-performeur.
Car ce qui est présenté comme une première victimation - Martha - est en fait la seconde, de laquelle, lorsque la parole commence à se libérer, soudain émerge la victimation originaire - Darrien -, enfin le croit-on.
D'un autre côté, il est question d'une révélation, de la force de la parole face à un secret de famille.
Ici, la haine de soi que vit, traverse et éprouve Donny trouve en réalité son origine dans le vécu de son père, vécu transpirant sans aucun doute dans une éducation sévère, celle dont on croit qu'elle mettra un frein inéluctable à toute effraction, ce qui est bien entendu totalement faux.
Telle est l'hérédité psychique, à l'instar de l'hérédité physique, ce qui est tu, étouffé, à force de refoulement, revient d'autant plus fort dans le réel, et Donny en aura payé le prix fort.
La vérité ne fait jamais rire lorsqu'elle n'est pas maquillée, et pour faire rire elle doit être connu, su, dite.
Bon visionnage !
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Créée
le 5 mai 2024
Critique lue 45 fois
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