Drôle de jungle que celle de Mozart in the Jungle. Adaptation d'un roman éponyme dont le sous-titre n'était rien d'autre que Sex, Drugs and Classical Music, la nouvelle production d'Amazon Studios nous plonge dans l'univers si particulier de l'orchestre philharmonique de New York. Musiciens hauts en couleur, romances, jalousies, rêves de gloire et coups bas, c'est une vision surprennement très soapesque que nous propose la série. Proposer une pluralité chorale lorsqu'on parle de musique classique, c'était pourtant évident.
A la fois acerbe et empathique, légère et rock'n roll, Mozart in the Jungle se montre bien souvent trop gentille avec son sujet. Dans sa démarche de peindre un microcosme aussi particulier, régit par ses propres règles, la création du trio Coppola - Scwhartzman - Timbers manque clairement d'audace. Le pilote présenté en début d'année avait beau présenter un humour salace assez jouissif, rares sont, dans le reste de la saison, les scènes vraiment drôles. Quelques répliques ont beau faire mouche, on peine à décrypter la finalité de la série : soap opera à la dimension orchestrale, satire sociale, fresque à l'humour amer tournant autour de ses quelques protagonistes ? Mozart in the Jungle semble hésiter et en perd de sa grandeur. Car de la majesté, la série en a : entre ses séquences orchestrales d'un lyrisme incroyable, ses plans-séquences flottant au milieu de ses décors fermés, ou encore la qualité d'écriture de certains personnages - notamment celui de Malcolm McDowell.
Avec ces quelques touches de génie - principalement pour l'épisode sept et le season finale -, on découvre une partie du potentiel latent bien présent. Jusque dans la narration, posée et fascinante, parvenant à captiver malgré le manque de relief de ses intrigues. Et c'est bien là le problème : on s'attache aux figures se déroulant à l'écran sans jamais s'impliquer émotionnellement de leurs destins. Mozart in the Jungle ne fait ni rire, ni pleurer, et c'est cette absence d'émotions extrêmes qui contredit le discours apparent de la série : que veut-elle nous faire passer, alors ? En évitant de trop jouer sur le terrain de la comédie, on pourrait penser qu'elle proposerait une plus grande déclinaison tragique. Celle-ci est bien présente, mais elle reste silencieuse, en retrait, et c'est bien dommage.
Beau casting et belle structure, c'est de fond que manque Mozart in the Jungle. Loin d'être un coup raté pour Amazon, la série propose une galerie de personnages excellents au travers de son sujet singulier. Alors pourquoi demeurer si sage ? C'est regrettable et même incompréhensible, mais on espère néanmoins que le très probable second mouvement saura accorder tout cela et nous proposer une véritable symphonie d'émotions, objectif tout à fait atteignable si les mêmes fausses notes ne se répètent pas.