Ce sera une critique sans spoiler sur l'intrigue.
J'ai découvert Mr. Robot lorsque tout le monde en parlait. La saison 1 venait d'être diffusée, et je me souviens d'avoir regardé les épisodes un à un, sans vraiment être un fan absolu. A la fin de la saison 1, cependant, j'ai compris pourquoi tant de monde avait été séduit.
La série narre la vie d'Elliot Alderson, jeune informaticien asocial et addict à la morphine, qui se fait recruter par un groupe de hackers. Ensemble, ils souhaitent s'attaquer à E Corp, le plus grand conglomérat mondial, afin de supprimer les dettes de tout le monde.
Est arrivée la saison 2. Et la, comme beaucoup de gens j'ai l'impression, j'ai lâché. Car le début de la saison 2 est un peu le défaut de la série : les épisodes s'enchaînent et on ne sait pas trop où l'on va.
Et puis, sans savoir pourquoi, j'ai regardé d'un coup les 2 premières saisons lorsque la troisième a commencé. Et je suis devenu un fan absolu.
La saison 3 de la série est celle où Sam Esmail, le créateur de la série, prend son envol, en écrivant les meilleurs épisodes. En se débarrassant de certaines storylines pour se concentrer sur l'essentiel. En proposant des épisodes concepts (l'un est un plan séquence de 45 minutes, par exemple) qui ne semblent pas forcés, mais plutôt font office d'outil, de vecteur parfait pour raconter une histoire. À la fin de la saison 3, j'étais impatient de découvrir l'ultime saison.
Et quelle saison. La série s'achève avec un sentiment d'accomplissement, de cycle qui se termine, d'histoire qui se complète. Et tout cela sans avoir la moindre idée, quelques épisodes avant la fin, de là ou se dirige la conclusion.
Mr. Robot est une série brillante, qui abordé des thèmes aussi variés que la solitude, la critique du capitalisme, la famille, mais aussi des thèmes à la réflexion plus profonde comme la dualité, l'identité, ou même le déterminisme. Jamais de façon forcée, toujours en donnant des pistes de réflexion par l'exemple, à la manière des séries de Damon Lindelof (The Leftovers, Watchmen).
D'un point de vue technique, l'œuvre est avant tout celle d'Esmail, qui a réalisé TOUS les épisodes à partir de la saison 2 (en plus d'avoir réalisé une bonne partie de la saison 1), ce qui non seulement est exceptionnel à la télévision, mais aussi qui permet d'avoir une mise en scène cohérente tout au long de la série.
La série, à l'origine pitchée comme un film, délivré à la fin cette sensation de conclusion logique, largement due au fait qu'elle était connue du créateur dès la première saison. À titre de preuve, l'une des scènes de l'ultime épisode apparaît incomplète dans les premiers.
Les acteurs sont excellents. Rami Malek (Elliot Alderson) porte évidemment la série, mais je loue aussi la partition de Elliot Villar (Fernando Vera) - regardez une interview du bonhomme sur YouTube pour vous rendre compte à quel point il rentre dans le personnage. Tous les autres acteurs brillent aussi dans leur interprétation, avec parfois des moments de jeu particulièrement géniaux.
Je félicite aussi MacQuayle pour l'ambiance musicale de la série, qui ajoute à son identité si particulière, en plus de tous les morceaux utilisés au fil des épisodes.
Bien sûr, Mr Robot n'est pas parfaite. Il y a parfois quelques errances (excusables pour une série de 4 saisons, surtout quand certaines scènes prennent leur sens à la fin), certains personnages sont moins bien traités que d'autres ("""Tyrell Wellick et Angela Moss, par exemple"""). Mais comparé au reste, ce n'est pas grand chose. Et si je ne donne pas un 10 à cette série, je ne sais pas à quelle série je le donnerai.
Bref, Mr. Robot mérite amplement 45 épisodes de votre temps, et entre dans hésiter dans le panthéon des séries, aux côtés de The Leftovers, The Wire ou encore Sherlock.