Regardez moi bon Dieu, j'existe, j'existe !

Evangelion, c’est un animé pas comme les autres, c’est un animé qui surprend, un animé atypique, inattendu, spécial, et disons-le, à la fois unique et précurseur.

En partant sur une base très classique de jeune lycéens qui sauvent le monde à bord de méca bioniques face à des monstres venus de nulle part cherchant à détruire le monde, Evangelion prend une tournure de plus en plus complexe, en faisant se questionner le spectateur face à toutes les interrogations et tous les doutes qu’il pourrait se poser pendant la première moitié de l’histoire. Ainsi, s’il peut nous paraitre insupportable de devoir contempler premier lieu les caprices d’une tsundere rousse allemande en, il devient par la suite jouissif d’admirer sa dissection mentale, de même qu’il est jubilatoire de voir en détail l’introspection de Shinji, introspection qui prend une part de plus en plus importante des épisodes au fur et à mesure que l’on s’approche de la fin.

Si Evangelion est unique, c’est par sa mise en scène extrêmement audacieuse, et notamment ses plans fixes et angoissant qui peuvent parfois durer une minute entière pour souligner une tension. Cette mise en scène inaccoutumée est d’autant plus frappante que la première partie de l’animé est extrêmement classique, et nous conforte dans l’idée que l’on est en train de savourer (même si ce n’est personnellement pas trop de mon goût) une histoire d’ados, de méca et d’extraterrestres.

Appuyé par son rythme nouveau surgissant d’un éclair, Evangelion prend une tournure psychologique et nous montre à quel point ses personnages à première vue caricaturaux, sont en fait des bombonnes emplies de tension et de souffrance toutes prêtes à exploser dès lorsqu’elles ne sauront plus franchir les obstacles mis sur leurs routes.

A ce moment de l’histoire, le spectateur est tendu comme jamais, à la merci des scénaristes qui pourront au choix le gaver d’une fin triste à pleurer, d’une happy end à la piscine, d’un cliffanger très commercial ou bien, puisque nous sommes dans Evangelion, d’une myriade de leçons de philosophie. Qu’il est bon de se sentir pris en considération par quelqu’un qui a notre cerveau à sa merci, et qui aime à nous dire que malgré toute la haine que l’on peut ressentir pour les personnes nous entourant, chacun a besoin d’autrui pour vivre, non pas seulement dans le sens pratique du besoin, mais parce que nous même ainsi que notre réalité sommes la somme des jugements de l’ensemble des autres individus !
Qu’il faut parfois assumer notre nature à se laisser guider par des plaisirs débauchés et éphémères comme l’alcool et les partenaires sexuels multiples.
Qu’il faut se satisfaire de la réalité dans laquelle on vit, car le plus subtil changement de l’un de nos choix passé nous aurait peut-être fait basculer dans un monde plus ennuyant, monotone, douloureux ou morose.
Et j’en passe. Pour apprécier Evangelion, il faut tout d’abord apprécier qu’on se fasse donner des leçons, et il ne me déplairait en aucun cas de retourner sur les bancs de l’école si la finalité est de recevoir en pleine face une cascade de « révélations » sur soi, sur les autres et sur la réalité.