Dites moi ce que vous n'aimez pas chez vous ?
Qu'est ce qu'on aime Nip/Tuck au début. Irrévérencieux, malsain, drôle, torturé, chocs, jouant sans cesse à appuyer là où ça fait mal, passant notre société au vitriol derrière les personnages charismatiques et complémentaires que sont les docteurs Troy et McNamara. Ryan Murphy tient quelque chose et dans les premières saisons, il l'exploite avec justesse et brio, jonglant entre des images crues et des moments de délicatesses, mettant à jour ces personnages dans leur fragilité intime et familiale, leur exubérance professionnelle , leurs qualités et leurs défauts, assumés ou non, taillant un costard à ces soit-disant puritains, modelant le culte du paraître comme un nouvel eldorado.
Des seconds rôles impeccables, une mise en scène stylisée, des musiques qui résonnent comme de véritables morceaux choisis, jusqu'à une troisième saison parfaite, Nip/Tuck étonne.
Et puis arrive la surenchère pour combler l'absence de nouveautés. Le filon s'épuise de saison en saison, les personnages s'enfoncent dans ce qui ne devient qu'un immense fourre-tout de "ce qu'il peut leur arriver de pire", sombrant inlassablement derrière leurs mauvais choix et les dramatiques coups du sort qui à force n'en deviennent plus. Comme si la série se muait en magazine à sensation à peine lisible aux petits coins, crachant ses images sans autres volonté que celle de choquer. Ryan Murphy et ses scénaristes ne dénoncent plus, ils se cachent et se perdent derrière les monstres qu'ils ont créés. Et ainsi, ce qui avait si bien commencé se rabâche jusqu'à devenir indigeste. Le serpent se mord la queue jusqu'à disparaître complètement pour un des plus beaux gâchis du petit écran.
Une véritable descente aux enfers pour ce show qui démarrait pourtant de manière palpitante.