Difficile de ne pas succomber au charme de cette mini-série aigre-douce qui vous raconte 25 ans de la vie d'un couple américain. En quatre épisodes, on s'attache durablement à ces personnages contrastés et interpellant (Henry, un pharmacien qui est la gentillesse même, et sa femme Olive, prof de maths, plutôt revêche et instable, mais fondamentalement décente) qui vivent leur vie sans histoire au milieu de leurs voisins et qui regardent grandir leur fils, un jeune homme qui n'est pas sans problèmes. La qualité de cette série doit beaucoup au formidable jeu d'acteurs que l'on se régale de retrouver ici : Robert Jenkins, le fabuleux père de "Six Feet Under" et l'excellent prof de "The visitor", et surtout l'extraordinaire actrice fétiche des frères Cohen, Frances Mc Dormand, brillante comme d'hab.
Sous un scénario minimaliste, la série nous propose en filigrane le portrait de gens à la personnalité limite, flirtant avec la dépression, ou avec le désespoir. Olive Kitteridge apparaît dans les premières minutes sur le point de se suicider dans une forêt... Comme elle le dit à plusieurs reprises, la dépression court dans sa famille .... Plusieurs personnages secondaires traceront des portraits de personnes touchées par le doute et la déprime (même la météo n'est guère clémente)
Le personnage de Henry, par contraste est une bouffée d'air frais, lui qui offre un chaton à une jeune fille (!) , essaie de gérer avec décence les relations qu'il a avec tous autour de lui, et qui montre un amour inconditionnel touchant à l'égard de sa femme qui pourtant le traite parfois rudement. Un beau rôle pour Robert Jenkins.
La série est pleine d'humour malgré tout, et on retrouve ce savoir-faire de HBO (et des séries US bien souvent) dans le dosage subtil du drame et la comédie. On rit souvent grâce à la morgue sévère mais jamais méchante de Olive. Ce n'est pas tous les jours que l'on a l'impression de voir vivre de vrais personnes sur un écran et les Kitteridge sont exactement cela : de vraies personnes, humaines et attachantes. Du coup je dois dire que je craignais fort l'apparition de Bill Murray dans les deux derniers épisodes, mais là aussi, les scénaristes ont su lui donner un rôle sobre et limité,que l'on a plaisir à découvrir.
Voilà, une excellente série, qui offre à partager la vie (parsemée de ces drames qui nous menacent tous) d'une personne difficile certes, mais qui a le cœur au bon endroit. On se souviendra de Olive et Henry Kitteridge, comme on se souvient de la famille Fisher de "6 feet Under". Perso, j'ai adoré ce truc. Recommandé , guys et guysettes!