Après avoir été conquis par Oz voici des années, je me suis dit " tiens, si je regardai l'autre série carcérale dont on parle en ce moment", à savoir Orange is the New Black. Attention, je spoile un peu. Je préviens.
L'idée est simple : une femme de bonne famille, une wasp comme les autres, doit effectuer une peine de prison pour des actes commis 9 ans plus tôt, à savoir du trafic de stupéfiants. Elle se retrouve donc devoir vivre avec des personnes qui n'ont rien en commun avec elle, noires, pauvres, latinos, droguées, etc. Le partie pris de la série est de montrer des choses assez graves ( comme l'arbitraire qui règne dans les prisons américaines, dont on avait déjà eu un aperçu dans Oz), mais sur un ton assez léger. On souris plus qu'on est horrifié en fait ( sauf dans le premier épisode de la 2e saison...)
Les personnages sont intéressants, et les premières impressions, les a prioris, sont souvent déjouées par les flash backs sur les vie pré-incarcération.
Et c'est là un de mes reproches, et l'un de mes bons points. Ouais, les deux à la fois.
Bon point : l'idée des flashbacks pour présenter l'avant passage à l'acte, sans montrer celui-ci, rend les détenues beaucoup plus humaines, normales, sympathiques. On les inscrit dans un parcours de vie, et c'est excellent. Dans Oz, on ne voyait que leur crime, pas le processus qui les y a emmené ( comme dans par exemple l'excellente série TV britannique Accused ). Là on voit la vie de ces femmes, vie normale et sans histoire, ou sordide et pas folichonne. J'aime bien.
Reproche : Toutes ces femmes sont présentées comme des victimes du système, de la société, des hommes, etc. Aucune d'entre elle, même les meurtrières, n'est en fait avide d'argent ou simplement déjantée, sauf ( et on voit bien ici le parti pris des scénaristes) la foldingue revivaliste chrétienne. J'aime pas.
J'explique. Parmi les personnages principaux, on a :
- la lesbienne droguée, mais elle vient d'une famille très riche et sa maman ne s'occupait pas d'elle, donc elle a fait du trafic pour se procurer de la drogue, la pauvre choupinette délaissée par maman
- La lesbienne trafiquante, fille d'une rock star, qui était moquée par les petites filles riches et qui donc a fait du trafic pour prendre sa revanche.
- La black homicide, mais elle a tué un homme qui avait battu une gamine qui venait faire le ménage chez lui ( une gamine esclave forcée à faire le ménage pour payer son passage aux USA, mais passons, car elle les traitait bien et aimait ces gamines. )
- la junkie qui est partie de chez elle parce que son papa la tripotait et qui est tombée dans la drogue et la rue mais qui tient un registre de ce qu'elle a volé pour rembourser ses dettes plus tard.
- la sportive de haut niveau qui est tombé sous l'influence d'un gangsta, en pleine rébellion post ado.
Etc. Aucune n'a agit par égoïsme, intérêt personnel ou autre. C'est a chaque fois les circonstances qui les ont poussées à agir, ou leur jeunesse, ou pour réparer un tort fait à quelqu'un d'autre. Elles sont donc en fait des braves filles qu'on a enfermé alors qu'elles ont pas eu une vie facile. Ça m'agace.
Exception : la chrétienne revivaliste, qui a buté une infirmière d'une clinique d'avortement parce qu'elle lui avait "manqué de respect". Je n'ai pas d'amour pour les revivalistes, ni pour tout ce qui touche de prêt ou de loin au fanatisme religieux, mais j'avoue avoir été un peu dérangé par le parti pris. Surtout que la vie de cette femme ne semble pas avoir été géniale avant (drogue, etc). Et que je vois un double message : l'avortement "de confort" c'est mal (elle s'est faite avorter 5 fois, chose que l'infirmière lui fait remarquer avec raison, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle la bute) ; mais on est pour l'avortement quand même car ceux qui sont contre sont des cinglés. Ambiguïté malsaine à mes yeux... Bizarrement, je trouve que ce personnage est peut être la détenue la plus touchante. Elle évolue bien, d'ailleurs.
Mais ce qui m'agace le plus, c'est l'actrice principale. Déjà elle n'a aucune compassion ou considération pour ses codétenues. Elle est prompte à les juger et à se placer en championne morale, comme lorsqu'elle est surprise de l'existence des communautés au sein des prisons US. Elle n'a aucune notion des conséquences de ses actions sur un milieu aussi chargé de tension que peut l'être la détention. Au début, on a l'impression qu'elle est une victime de son amour, de sa jeunesse, mais plus on réfléchit (enfin si on a un sens critique), plus on s’aperçoit que ce sont ses propres choix qui la foutent dans la merde, et surtout qui foutent les autres dans la merde : elle prend la décision d'accepter de passer de la drogue, puis celle d'avoir des relations sexuel/amoureuse avec son ex compagne ( alors qu'elle est fiancée à l’extérieur), puis de se moquer des autres sans connaitre leur histoire de vie, etc.
Et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai malgré tout apprécié cette série. Le personnage principal est le réel danger, elle est celle qui fait du mal aux autres sans s'en apercevoir, qui rajoute en fait une autre peine à la peine de prison. Elle brise des cœurs, elle bafoue les croyances, elle se moque de ce qui tient à cœur aux autres, elle refuse de se mettre à la place d'autrui, etc. Et son incapacité à comprendre pourquoi ses actes ont des conséquences négatives fait d'elle une sorte de maitre étalon de la personnalité malsaine. Et elle fait tout ça sans réellement vouloir faire du mal aux autres. Le cas typique de la personnalité toxique sans le vouloir. Il y a les toxiques manipulateurs pervers, mais il y a aussi les toxiques qui, par leur simple personnalité, nous entrainent vers le bas. Et c'est ce qu'elle fait autour d'elle sans s'en rendre compte.
Donc, bonne série que je recommande pour se détendre. Le sujet est traité de manière légère, pas comme dans Oz, et ça détends vraiment.
