Orphan Black est une chose curieuse. La série commence par une usurpation d'identité aux conséquences interminables pour finir par trouver son ton, en tant que drame mystérieux aux détours comiques. C'est un style assez indescriptible, qui donne de l'originalité à une trame qui est en soit pas particulièrement révolutionnaire (sans en devenir inintéressante pour autant). La série en elle-même est portée par Tatiana Maslany, qui interprète à merveille une poignée de personnages : Sarah la vagabonde, Allison la mère au foyer, Cosima la scientifique et Helena la psychopathe, pour ne citer que les principales de la première saison. A coté d'elle, l'entourage de chaque clone est constitué de personnages soit troubles, soit attachants, parfois les deux, toujours parfaitement interprétés.
Le casting est donc superbe, là où l'histoire se repose un peu, notamment en nous faisant des révélations qui laissent de marbre parce qu'un peu de bon sens suffit à obtenir les mêmes conclusions. Les scénaristes ne savent peut être pas totalement où ils veulent en venir, et bien que la cohérence soit pour le moment reine, j'espère qu'Orphan Black saura s'arrêter avant de sombrer dans une routine facile et décevante. Dépassés les premiers épisodes cependant, l'intrigue reste bien ficelée et touffue, ne prenant son souffle que dans les instants de comédie qui permettent de relâcher la tension, grâce aux confusions d'identité et surtout grâce et à la géniale Allison, dont la petite vie dans les suburbs pourrait être à elle seule une série digne d'intérêt.
Si le ton est réjouissant, le plus surprenant pour moi, dans Orphan Black, ce ne sont pas tant les coups de théâtre, les retournements de veste, ou encore les révélations sur les origines du projet Leda. Le plus surprenant, c'est la manière dont Tatiana Maslany parvient à nous faire oublier que c'est elle qui interprète la majorité des personnages. Elle arrive à rendre subtilement les différences entre les héroïnes, si bien qu'on repère directement lorsqu'une des filles se fait passer pour une autre, et ce même lorsque les perruques sont changées. C'est impressionnant. Honnêtement, j'ai du mal à me dire qu'Allison, plus particulièrement, n'est pas interprétée par une autre actrice tant elle est convaincante et juste, parvenant à faire oublier qu'elle n'est "qu'une parmi d'autres". C'est troublant. Rien que pour Tatiana Maslany, la série gagne à être vue.