Les premières images d'Outcast sont plus que prometteuses. Le générique est superbe, la musique d'Atticus Ross apporte une atmosphère sourde, pesante, envoûtante, et la photographie est d'un réalisme qui rappelle la beauté de films glaçants comme Le Silence des agneaux, ou plus récemment Prisoners.
On est prêt à se laisser emporter avec plaisir dans l'horreur, à la suite de ces deux "exorcistes" isolés au cœur d'une petite ville perdue de Virginie occidentale.
Malheureusement, on se rend vite compte que sous le vernis se cache une véritable catastrophe télévisuelle.
Le casting à première vue correct (le héros a une bouille attachante, et sa sœur dégage quelque chose d'à la fois fragile et rassurant), se révèle vite inégal : les "méchants" ont des têtes de pourris irrécupérables, la femme du héros ressemble à une actrice de films pornographiques sous xanax, et l'antagoniste principal, dépourvu de tout charisme et visiblement paumé dans cette non-histoire, semble tout droit sorti d'une série Z.
Derrière les acteurs, rarement a-t-on vu personnages aussi unidimensionnels, flottant tels des formes inachevées au milieu de dialogues vides de sens. Ils n'agissent que pour les besoins d'un scénario qui fait tout pour étirer sur 10 épisode une histoire racontable en deux heures. Quitte à prendre les décisions les plus absurdes qui soient, se contredire les uns les autres, voire eux-mêmes, ou carrément ne rien faire... tant qu'on gagne du temps.
Et du temps, les scénaristes en gagnent. Les personnages n'ont pas évolué d'un iota entre le premier et le dernier épisode, et c'est peut-être là le problème des séries adaptées de comics. Ces derniers ne font pas toujours preuve d'un travail de caractérisation suffisamment poussé.
Même constat concernant l'histoire. On attend, patiemment, d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Une révélation, une avancée, un retournement. Mais rien n'arrive. Chaque épisode est une déception et apporte une nouvelle pierre à un édifice bâti sur l'ennui. L'épisode 10, comme dans les pires séries commerciales de notre époque, se termine sur l'habituel cliffhanger censé accrocher le spectateur pour de bon, alors qu'il ne fait finalement montre que du mépris cynique qu'ont les auteurs-producteurs pour leur public. Sans trop exagérer, on pourrait se contenter de regarder les deux premiers et les deux derniers épisodes de la saison 1, et on comprendrait tout (tout en devant supporter quelques longueurs).
Mais si l'on veut vraiment se rendre service, on arrêtera les frais au bout du premier épisode, qui nous donne un aperçu suffisant de la seule chose (ou presque) à sauver de cette série : sa mise en scène.