Marty Byrde (Jason Bateman) est un conseiller financier qui mène une double vie, entre famille et blanchiment d’argent. Cet homme qui devra suite à la trahison de son associé sauver sa peau, celle de sa famille et rembourser le cartel, délocalisera ses activités dans un trou perdu du Missouri et devra prouver au mafieux peu commode, Del Rio (Esai Morales) qu’il est l’homme de la situation.
Jouant de quelques plans de caméra serrés, de couleurs froides et bleutées pour rendre une ambiance sourde et mortifère, se croisant avec la beauté du paysage et un soupçon d’ambiance nordique à la mode...la mise en scène est lente, à tendance dépressive mais polluée par des situations accessoires et de grandes longueurs hachant constamment le rythme.
Ce thriller à tendance hypnotique et psychologique dérive (dès le second épisode…) dans une sorte de saga familiale où rien ne se passe comme prévu mais où rien ne se passe vraiment non plus.
Entre drame et pointes d’humour, le manque de suspense ennuie, et la série s’enfonce petit à petit, dans une intrigue bien banale. L’importance apportée à la famille, encore, prend presque toute la place. Entourée de deux enfants pénibles comme il se doit qui contribuent à rendre l’intrigue sans saveur. Le décalage même du personnage de Marty, plongé dans une situation critique mais toujours à même de résoudre ses problèmes, minimise la tension et la série oscille entre drame et légèreté sans trouver son point d’appui.
On y retrouve Laura Linney, femme au foyer qui s’ennuie mais qui jouit de sa situation confortable, évitant de regarder le désastre de sa vie de couple et trouvant à s’occuper ailleurs. Elle sera propulsée dans la réalité de manière brutale. Tantôt femme perdue tantôt en pleine maîtrise d’une situation qu’elle ne gère pourtant pas, l’actrice reste sobre et démontre son talent.
La réussite, l’appât du gain et le risque de la chute qui va avec sur fonds de rêves américains et de ses dérives, Ozark c’est un peu du décalage et de l’humour pour une série noire.
Comparée à l'ambiance particulière du film "Mr Wolf",où le scénario est signé Bill Dubuque (auteur de cette série), ou encore à "Breaking Bad" peu de rapport si ce n'est la froideur de l'un et le personnage de l'autre.
Les seconds rôles manque de caractérisation, la série se concentrant sur Marty et ses diverses péripéties à se sortir de l’engrenage, cherchant comment placer son argent, sauvant des entreprises bancales, et naviguant tranquillement dans l’adversité...imperméable..
... on ne s’inquiète pas et là, est le gros bémol.
Restent les dialogues parfois excellents dans leur humour noir, teintés de sarcasme et de grande perspicacité de Marty. Spécialiste d’un vocabulaire sans faille et d’un sang-froid à toute épreuve…
Même si la mise en scène a du style et tente de nous plonger dans une sorte «d’ailleurs» aux contours inquiétants, et au ton original, la série ne décolle pas.
Cantonné aux rôles légers, à l’humour «pince sans rire», Jason Bateman se sert de son physique agréable et passe partout, regards rêveurs, perplexes et sourire en coin, pour nous prouver son talent d'acteur et la performance est réussie,même si c'est justement ce personnage décalé qui rend l'ensemble bancal.
La VF curieusement se prête également assez bien, la voix est d’autant plus marquante pour l'acteur, qu’elle possède des intonations jeunes et spontanées, collant parfaitement à Marty et à son naturel, même si au départ elle peut dérouter.
Egalement producteur exécutif, il réalise quatre épisodes optant pour plus de noirceur bien plus intéressante, notamment l’épisode 1 et 10.
Sans prétention, sans véritable enjeu et au scénario parfois bien facile, une intrigue qui se cherche tout en utilisant les clichés et les rebondissements sans surprise.
A regarder d'un œil pour les amateurs du genre, pour quelques bons moments et des acteurs à contre-emploi.