Saison 1 : 7/10
L'avenir des séries policières est sans doute dans le "rétro", comme en témoigne le succès récent d'œuvres telles que "Babylon Berlin", "The Alienist" ou "Perry Mason" : à chaque fois un lieu bien défini, une époque marquante, et une intrigue en lien avec le contexte historique et politique.
C'est également la voie choisie par Canal + avec cette nouvelle création originale, signée Fabien Nury - auteur de BD réputé et déjà à l'origine de "Guyane" - qui nous plonge dans le Paris de la Belle Epoque, gangréné par l'antisémitisme, l'anarchisme et la corruption.
La reconstitution s'avère réussie, à la fois élégante dans la forme et crédible dans le détail, la série mettant en évidence les évolutions scientifiques (l'anthropométrie, le téléphone...) et les mœurs de l'époque (la drogue dans les milieux aisés, la difficile émancipation féminine...).
Sans oublier les nombreux personnages "historiques" qui peuplent le récit (le préfet Lépine, le criminologue Bertillon, la courtisane Meg, les frères Guérin...), basé sur un fait divers bien réel (l'affaire de la valise sanglante).
Si "Paris Police 1900" est une bonne série, riche de promesses (une saison 2 a été commandée), cette saison inaugurale n'est pas une réussite totale : son intrigue mêle certes brillamment les enjeux politiques, policiers et sentimentaux, mais l'ensemble demeure assez froid, au point que je n'ai jamais ressenti le besoin d'enquiller plusieurs épisodes à la suite.
Certains personnages s'imposent aisément dans nos cœurs, à l'image de la jolie moucharde incarnée par Evelyne Brochu (une sorte de Julie Gayet québécoise), ou du charismatique préfet Lépine campé par Marc Barbé. D'autres ne sont pas parvenus à provoquer de véritable empathie, à l'image des deux héros aux profils un brin schématiques, sans que le talent des comédiens ne soit forcément en cause (Jérémie Laheurte et Thibault Evrard).
"Paris Police 1900" a en tout cas le mérite de mettre en avant des acteurs peu connus du grand public, à l'image des seconds rôles marquants tenus par Patrick d'Assumçao (Puybaraud), Alexandre Trocki (Cochefert), Eugénie Derouand (Jeanne) ou Anne Benoit (Maman Guérin).
Une belle galerie de trognes pittoresques qui ne demande qu'à se développer et à prendre de l'ampleur dans une deuxième saison que je suivrais avec curiosité.
Saison 2 : 7/10
Cette saison 2 comporte plus ou moins les mêmes qualités et défauts que la précédente, c'est à dire une série qualitative qui se regarde avec intérêt, mais sans enthousiasme excessif.
Sur le plan formel, "Paris Police 1905" apparaît toujours aussi soignée, avec un travail remarquable sur les éclairages, les décors, les costumes et les accessoires. La mise en scène de Fabien Nury et ses équipes constitue l'un des atouts majeurs de la série, qui développe un univers sombre et original peuplé de personnages bigarrés.
L'aspect choral est toujours aussi marqué : certains personnages ont pris de l'importance (le peintre Steinheil), d'autres sont un peu sous-exploités (l'avocate Jeanne Chauvin).
Si l'intrigue parvient à intégrer intelligemment des questions sociétales de la Belle Epoque faisant écho à nos problématiques contemporaines (le traitement d'une épidémie, la stigmatisation policière de certaines catégories sociales...), la série ne m'a pas entièrement convaincu sur le plan scénaristique. Pour une série policière, la trame narrative manque à mon goût de mystère et/ou de rebondissements spectaculaires, avec une enquête réduite à la portion congrue (d'ailleurs cette saison 2 ne comporte que 6 épisodes, soit 2 de moins que la précédente).
Ce n'est visiblement pas l'angle choisi par les auteurs, qui préfèrent privilégier des arcs narratifs annexes, familiaux notamment, pas toujours très pertinent (la fille du préfet Lépine, celle de Meg), et intégrer des séquences humoristiques pas forcément concluantes (avec un Bertillon en mode burlesque).
L'ensemble reste toutefois assez original et pertinent pour me compter parmi ses suiveurs fidèles en cas de saison 3.