We still never talk sometimes
Passez outre une première saison un peu poussive, où la mécanique semble encore un peu trop calquée sur The Office et où les personnages secondaires ne sont pas encore assez développés. Laissez le temps à cette série et vous vous rendrez compte qu'on peut parler de la vie de bureaucrates dans le service des espaces verts d'un bled paumé et être l'une des sitcoms les plus drôles qui existe aujourd'hui. Pas bien méchante politiquement, la série est surtout un concentré d'humour potache mais intelligent, à l'image de la plupart des séries du créneau du jeudi de NBC (Community, 30 Rock, The Office), aussi remarquables dans leur qualité que laborieuses dans leurs audiences. Sachant que ces séries sont également connues pour leur goût de l'improvisation, on ne peut qu'applaudir la qualité et la spontanéité de l'humour de ces sitcoms.
Parks and Recreation, comme la plupart de ses consoeurs, tire sa force de son casting, de son "ensemble" où même les personnages secondaires développent une identité et un sens comique prononcé (on pensera notamment à ce pauvre Jerry, tête de Turc de ses collègues devenu running gag personnifié). Et comme dans chaque sitcom, il y a le personnage culte, celui qu'il faut connaître et qu'il faut adorer, réservoir à punchlines et à séquences cultes qu'on se remate sur Youtube. The Office a Dwight Schrute, Community a Abed Nadir, et Parks and Recreation a Ron Swanson. Ron F****n' Swanson. Ce fonctionnaire paresseux, allergique à toute idée de travail, incarnation du beauf américain dans toute sa splendeur, est en passe de devenir la deuxième moustache la plus célèbre de la télé américaine derrière Tom Selleck. Regarder Parks and Recreation, c'est forcément aimer Ron Swanson, et l'on ne saura jamais assez reconnaissant à son interprète, Nick Offerman, de nous faire rire autant d'un personnage si caricatural.
Le reste de la distribution n'est pas en reste, chacun rivalisant d'incompétence, de paresse et d'immaturité. J'ai personnellement une petite préférence pour Andy, musicien neuneu, véritable Peter Pan lunaire dont l'innocence confine souvent à la stupidité la plus profonde, tout en restant profondément sympathique. Et on ne saurait évidemment passer sous silence l'héroïne du show, Leslie Knope. Je ne saurais être objectif, étant un fan de longue date d'Amy Poehler, qui en plus d'être ravissante est l'une des femmes les plus drôles du monde. Son interprétation de cette fonctionnaire zélée et passionnée, transpirant la politique par chaque pore de la peau dans des proportions souvent grotesques, est magistrale. A la fois îlot de raison garantissant la cohésion de l'ensemble et élément barge de son duo avec Ann Perkins (la toute aussi délicieuse Rashida Jones), Leslie Knope est un de ces personnages forts qui donnent une identité quasiment immédiate à la série au milieu d'un océan de sitcoms génériques envahissant le paysage télé américain (coucou Whitney, Last Man Standing, Are You There Chelsea...).
Ajoutons à cela que le remaniement partiel de casting opéré à la fin de la saison 2 s'est avéré judicieux et bénéfique pour la série, le personnage de Ben s'avérant extrêmement attachant et celui de Chris (Rob Lowe au sommet de sa forme!) assez jubilatoire.
A l'heure où NBC connaît une période d'érosion d'audiences alarmante, il serait triste de voir des sitcoms de la qualité de Parks and Recreation être sacrifiées. Peut-être la moins connue du quatuor doré du network, elle n'en est pas la plus mauvaise pour autant, loin de là! Votez Knope!